Le Premier ministre français a visité, lundi 8 septembre 2014, les ateliers à Mghira de la filiale tunisienne d’Airbus. Qui a failli chavirer sous le coup des grèves et mouvements sociaux, dont le pays, d’une façon générale, est le théâtre depuis la chute du régime Ben Ali, le 14 janvier 2011. Mais depuis quatre mois, l’entreprise semble avoir retrouvé calme et sérénité.
Ce sont des dirigeants et des employés rayonnants que Manuel Valls a trouvés, lundi 8 septembre, en visitant les installations d’Aerolia, la filiale d’Airbus basée à Mghira. Certainement, rien à voir avec l’ambiance qui y régnait lorsque, quinze mois plus tôt, Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, était venue, en compagnie de Mehdi Jomaa, alors ministre de l’Industrie, en marge de la visite du président Hollande, le 4 juillet 3013, s’enquérir de l’état de santé d’un des plus importants investissements français en Tunisie. A ce moment-là, la société, inaugurée trois ans plus tôt, était, comme tant d’autres tunisiennes et étrangères, en proie à des mouvements sociaux et à des grèves dont le nombre a explosé à la faveur du vent de liberté et de l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat après le 14 janvier 2011.
La direction d’Aerolia Tunisie s’est donc trouvée confrontée à des revendications que Noureddine Ben Zekri, secrétaire d’Etat au Développement et à la Coopération internationale -qui, en cette qualité, mais comme directeur général de la FIPA (Agence de Promotion de l’Investissement Extérieur) a aidé l’entreprise à se sortir de cette situation- juge «parfois excessives». «La situation sociale était instable depuis 2011 jusqu’au début 2014, avec des interférences de parties externes à l’entreprise», rappelle une note de la direction distribuée aux visiteurs. Et cette situation a eu un «impact (immédiat) sur les livraisons vers les clients internes Aerolia».
Dans un premier temps, la direction devait satisfaire certaines revendications du syndicat, dont en particulier l’abaissement du temps du travail de 48 à 40 heures. Mais comme on l’a vu ailleurs –notamment dans certaines entreprises de Poulina Group Holding-, la satisfaction de leurs revendications initiales a encouragé les employés à en formuler d’autres.
Aerolia avait notamment accepté d’abaisser le volume horaire hebdomadaire de travail de 48 à 40 heures. Mais, le syndicat, relevant de l’UGTT, a alors exigé de l’établir à 37 heures et demie de travail seulement avec les samedis et dimanches libres.
Refusant de céder à ces nouvelles revendications, la direction prend de court le syndicat qui s’apprêtait à décréter une nouvelle grève et décide un lock out de 5 jours -c’est-à-dire une grève patronale- durant lesquels les employés ne sont pas payés. La manœuvre s’avéra payante puisque les négociations reprirent et aboutirent rapidement à la signature d’un accord qui marqua «le passage à la Convention Collective de la Fonderie, Métallurgie et Constructions Mécaniques» et «repose sur des changements importants en termes de travail hebdomadaire et de salaires». Ce qui a permis à l’entreprise de «retrouver une stabilité et pérennité indispensables à toute activité industrielle».
La longue parenthèse de la crise sociale fermée, Aerolia peut désormais se focaliser sur la préparation des futures cadences de la «la montée en compétences de ses personnels tunisiens».