Air France : deuxième jour de la grève des pilotes, avions encore plus rares

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éroport Charles de Gaulle à Roissy (Photo : Dominique Faget )

[16/09/2014 04:52:08] Paris (AFP) Les avions d’Air France devraient être encore plus rares dans le ciel mardi, au deuxième jour d’une grève qui s’annonce longue, la compagnie aérienne ne parvenant visiblement pas à rassurer ses pilotes sur le projet de développement de sa filiale à bas coût, Transavia.

Après avoir assuré moins de 50% des vols lundi, le groupe a annoncé que 60% de ses avions resteraient sur le tarmac mardi.

Lundi, le chaos a toutefois été évité et le calme maintenu, y compris à l’aéroport parisien de Roissy où plus de 200 vols ont été annulés, les voyageurs ayant été prévenus en amont des annulations, qui n’intervenaient pas “à chaud”. Air France a notamment indiqué avoir envoyé 600.000 messages et SMS pour avertir les passagers.

Mais dans certains aéroports, le taux d’annulation a largement dépassé 50%. Cela a été le cas à Toulouse (80%), Lyon (71%) ou Nice (71%), où la proportion doit grimper à 82% mardi, selon l’aéroport.

Face à cette situation, Air France a recommandé aux clients ayant un vol d’ici au 22 septembre, dernier jour de l’appel à la grève reconductible lancé par le syndicat majoritaire SNPL AF Alpa, de “reporter leur voyage ou changer leur billet sans frais”. Outre le SNPL, le Spaf (deuxième syndicat) a appelé au mouvement jusqu’au 20 et Alter (non représentatif) jusqu’au 18.

Aux aéroports parisiens, des sources aéroportuaires ont estimé que la situation mardi, au deuxième jour du conflit, “devrait être plus ou moins identique, même si le nombre de vols annulés sera plus important”.

“Les passagers sont prévenus en amont, il n’y a donc pas de passager qui reste sur le carreau”, a indiqué l’une de ces sources.

Pourtant, assure de son côté Jean-Louis Barber, président du SNPL, “mardi ce sera encore plus difficile et mercredi, (le trafic) Air France peut être arrêté”, les pilotes ayant été appelés en renfort les premiers jours devant se reposer.

– Une grève pas low cost –

Un mouvement d’une semaine serait le plus long conflit mené par des pilotes d’Air France (groupe Air France-KLM) depuis 1998.

La direction évalue son coût de “10 à 15 millions” d’euros par jour. Lundi, le PDG d’Air France-KLM, Alexandre de Juniac, a laissé entendre que le retour aux bénéfices de la compagnie française pourrait être compromis cette année si la grève dure.

Pour trouver une issue, les négociations se sont poursuivies lundi entre la direction et les syndicats représentatifs. Mais le SNPL a fait état d’un dialogue “bloqué” et prévenu que la grève se poursuivrait “tant que la direction ne changera pas de philosophie”.

Ce mouvement est lié aux conditions d’expansion de Transavia.

Les syndicats déplorent une “mise en concurrence” des pilotes au sein du groupe et craignent que le nouveau plan stratégique “Perform 2020” n’ouvre la voie à un “pillage de l’emploi français”, quand la compagnie y voit un levier de “reconquête du marché” face aux compagnies low cost (Ryanair, easyJet).

M. de Juniac exhorte les pilotes à participer à “un projet magnifique”, porteur d’un millier d’emplois en France, dont 250 de pilotes.

Alors qu’un plan de départs volontaires a été ouvert en août pour 200 des 3.760 pilotes d’Air France, le groupe entend augmenter la flotte de Transavia en France de 14 à 37 avions en cinq ans et ouvrir de nouvelles bases en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrat local.

Il rejette la principale revendication des syndicats d’un contrat unique pour les pilotes aux conditions actuelles d’Air France pour les avions de plus de 100/110 places, quelle que soit la compagnie du groupe (Air France, Transavia, Hop!).

Un pilote d’Air France gagne entre 75.000 et 250.000 euros brut annuel selon son grade (copilote ou commandant de bord), ancienneté et affectation (moyen-courrier ou long-courrier). Chez Transavia, le salaire varie entre 87.000 et 180.000 euros.

Au sein d’Air France, la grève a été taxée de “corporatiste” par la CFE-CGC et la CFDT, Laurent Berger, secrétaire général de la confédération, la jugeant même “indécente”.