ès de Hong Kong, dans les Nouveaux territoires, région autonome sous administration chinoise, le 6 août 2014 (Photo : Alex Ogle) |
[16/09/2014 07:09:22] Hong Kong (AFP) A Hong Kong, il y a bien longtemps que la riziculture a cédé la place aux immenses gratte-ciel qui font la réputation de la mégalopole. Mais aujourd’hui, les traditions rurales sont de retour à la faveur des scandales alimentaires qui affligent la région.
Une nouvelle génération d’agriculteurs s’est mise à cultiver cette denrée de base de la cuisine asiatique, en utilisant les techniques de l’agriculture biologique.
A Long Valley, coin tranquille des Nouveaux territoires situé dans le nord du territoire autonome sous administration chinoise, les rizières ont fait leur réapparition voici sept ans, après quatre décennies d’absence. Le bourdonnement des insectes et le chant des oiseaux offrent un contraste saisissant avec les immenses tours qu’on aperçoit au loin.
Wai-hong Kan, un ancien employé de supermarché de 42 ans, a dit adieu à ses vacations du soir pour cultiver du riz doré et parfumé. “Avant, les gens à Hong Kong faisaient pousser du riz”, dit-il. “Je peux réapprendre aux gens à cultiver du riz et faire revivre la riziculture”.
Cinq agriculteurs produisent désormais environ trois tonnes de riz aux termes d’un projet lancé initialement dans le cadre d’un programme de protection de cette zone de marais propice aux oiseaux. Elle est proche de la frontière avec la Chine, principal pourvoyeur de la nourriture consommée à Hong Kong.
– Boom de la demande –
Comparé aux 833 tonnes de riz consommés chaque jour dans l’ancienne colonie britannique, il s’agit d’une goutte d’eau. Mais ce riz local est vendu sept fois le prix du riz importé issu de l’agriculture industrielle.
La demande pour les produits de l’agriculture raisonnée est en plein boom, un engouement qui doit tout à une succession de scandales agroalimentaires survenus de l’autre côté de la frontière: viande empoisonnée de chien vendue à des restaurants, pattes de poulet trempés dans du péroxyde d’hydrogène, cadavres de cochons flottant dans les rivières, recyclage d’huile frelatée, utilisation intempestive de pesticides.
ère, le 6 août 2014 près de Hong Kong, dans les Nouveaux territoires, région autonome sous administration chinoise (Photo : Alex Ogle) |
Le choc suscité par le scandale du lait pour bébé à la mélanine, qui avait fait six victimes en 2008, semble n’y avoir rien fait. D’après le ministère chinois de la Protection de l’Environnement, 16% des sols sont pollués.
“Lorsque la sécurité alimentaire en Chine et même ailleurs n’est pas bonne, les gens de Hong Kong choisissent des denrées plus sûres”, dit Wai-hong Kan. “Les tendances sociétales ne sont plus les mêmes, les gens sont plus riches, ils se préoccupent davantage de sécurité alimentaire”.
Hong Kong, l’un des endroits au monde les plus densément peuplés, importe la quasi totalité de sa nourriture. Seuls 2% des légumes sont cultivés sur place.
Le nombre d’exploitations qui s’inspirent de l’agriculture biologique a néanmoins explosé. D’une poignée dans les années 1990, elles sont plusieurs centaines aujourd’hui, dont 130 ont obtenu le label bio.
-Pression immobilière-
Les consommateurs se moquent du coût élevé des légumes bio. “Après avoir appris qu’il y avait pas mal de pesticides et pas mal de façons de faire pousser les légumes, je crois que c’est mieux d’acheter bio”, dit à l’AFP Jenny Ho, lors d’une flânerie dans l’un des marchés organiques de la ville.
ût 2014 dans un marché bio de Hong Kong (Photo : Alex Ogle) |
“La nourriture produite à Hong Kong ne voyage pas, et en conséquence, elle est plus fraîche et délicieuse”, poursuit-elle.
Les autorités sanitaires sont pointilleuses quant à la qualité des produits vendus sur les étals de Hong Kong. En 2013, sur environ 65.000 échantillons alimentaires testés, seuls 57 émanant de pays divers n’ont pas passé la rampe.
Le “gouvernement se débrouille pas mal” et le “système de contrôle s’est amélioré”, reconnaît Jonathan Wong, directeur du Centre des ressources biologiques de Hong Kong. Mais “nous avons peur” en raison de l’effet “psychologique” des importations en provenance de Chine, ajoute-t-il.
Le développement de l’agriculture locale se heurte à la pression immobilière dans cette ville verticale. Les agriculteurs sont contraints de cultiver des lots minuscules, avec des baux à court terme, tel Thomas Fung qui s’occupe d’une mosaïque de terrains loués à six propriétaires différents, pour des durées entre deux et cinq ans.
Mais les riziculteurs sont optimistes. “Les gens recherchent des légumes bio, frais, cultivés sur place. On a un marché important”, dit Yu-wing Wong, dont l’exploitation familiale figure parmi les plus importantes à avoir obtenu la certification.