Dimanche 14 septembre 2014, l’exil parisien de Mondher Zenaïdi a pris fin. L’ancien ministre est rentré en Tunisie après un exil forcé de plus de trois ans, non pas pour jouir d’une paisible et méritée retraite, mais pour retremper dans la politique –dont il ne s’est en réalité jamais dégagé pendant les trois années passées dans la capitale des Lumières. Il se portera candidat à l’élection présidentielle.
Pour ce centralien qui a passé trente-cinq ans au service du public et qui aurait pu –aller, disent certains- devenir Premier ministre avant le 14 janvier 2011, il ne pouvait en être autrement. Mais Zenaïdi a-t-il la «gueule de l’emploi» qu’il convoite?
Présidentiable, Mondher Zenaïdi l’est sans nul doute. Et c’est une qualité qu’il a en commun avec un très petit nombre d’«élus» parmi les candidats à la magistrature suprême. Notamment, grâce à l’immense expérience –qui fait défaut à la plupart de ses concurrents- acquise dans la gestion des affaires publiques, notamment en tant que ministre pendant dix-sept ans.
Mais quelles chances l’ancien ministre a-t-il dans cette course présidentielle hyper «embouteillée»? Pourra-t-il transformer le dessein en destin présidentiel?
A priori, Mondher Zenaidi fait partie d’un petit groupe de candidats «sérieux» et peut être aussi l’un des rares à pouvoir rivaliser sérieusement avec celui qui reste à ce jour favori d’après les sondages: Béji Caïd Essebsi. Notamment sur le terrain du charisme et de la popularité.
Car depuis le jour où il a endossé les habits de haut fonctionnaire, puis, surtout, après avoir mis le chapeau de ministre, Mondher Zenaïdi a toujours pratiqué la politique de la porte ouverte. Ouverte à tous, amis, connaissances, ou simples citoyens, et pas seulement Tunisois, venus attirés par la réputation de «serviabilité» de l’ancien ministre.
Par rapport aux autres candidats, y compris le président de Nidaa Tounes, il a l’immense avantage de ne pas être assimilé à une région en particulier. Originaire de Kasserine, mais Tunisois de naissance, donc d’adoption, Mondher Zenaïdi, attaché à la Tunisie profonde, n’a jamais renié ses origines kasserinoises. Qu’il a continué à revendiquer et à cultiver.
Mais comme tout être humain et homme politique, Mondher Zenaïdi n’est pas dénué de faiblesses. Il en a en particulier une que ses adversaires ne manqueraient pas d’exploiter dans le feu de la campagne électorale: le fait d’avoir servi sous le régime Ben Ali –qui a certes eu des acquis, mais également beaucoup de travers- et, surtout, sa –trop grande, selon certains- proximité avec une partie de l’entourage de l’ancien président.
En homme intelligent, certainement conscient qu’aucun des candidats à la présidentielle n’a de chance de se faire élire avec les seules voix de sa famille politique, Mondher Zenaïdi saura, concernant le passé, tenir l’attitude et le discours approprié. C’est-à-dire à égale distance à la fois du déni total et de l’éloge de l’ancien régime –travers dans lequel est tombé un Abderrahim Zouari- et de l’auto-flagellation qui n’a pas lieu d’être.