Ajaccio le 10 juillet 2014 (Photo : Pascal Pochard-Casabianca) |
[16/09/2014 20:19:15] Marseille (AFP) La direction de la SNCM a de nouveau présenté mardi, au grand dam des syndicats, le redressement judiciaire comme option privilégiée pour sortir de l’ornière la compagnie maritime, condamnée par Bruxelles à rembourser 440 millions d’euros.
“Le spectre (du redressement judiciaire) est toujours d’actualité. Cela fait partie des problématiques que nous aurons à traiter dans les semaines et dans les mois qui viennent, en sachant qu’il y a toujours des discussions entre l’Etat et Bruxelles et se sont ces discussions qui dicteront notre positionnement”, a lancé Olivier Diehl, le président du directoire de la compagnie à la sortie de cette réunion de près de six heures, tenue à la préfecture à Marseille, autour du médiateur nommé par le gouvernement, Gilles Bélier.
L’option du redressement judiciaire a la faveur de l’actionnaire majoritaire Transdev et de l’Etat qui estiment qu’elle est la seule solution pour s’affranchir des condamnations de Bruxelles. La Commission européenne demande à la compagnie de rembourser 440 millions d’euros d’aides indûment perçues, selon Bruxelles.
“Aucun repreneur ne viendra s’il n’y a pas une fiabilité retrouvée. Il faut recentrer l’entreprise sur son +core business+ (coeur d’activité, ndlr), c’est-à-dire simplifier les structures, et surtout s’occuper de nos clients”, a sommairement détaillé M. Diehl.
Deux nouvelles réunions sont programmées les 7 et 28 octobre, dans le cadre de ce processus enclenché en juillet par le médiateur du gouvernement pour sortir d’une grève de 17 jours ayant paralysé le trafic de la compagnie entre la Corse et le continent en pleine saison touristique.
“C’était une réunion difficile, il faut approfondir. Il n’y a pas de solution dégagée pour l’instant. Le redressement judiciaire demeure un point de débat”, a déclaré M. Bélier, affirmant que “la question de la restructuration se posera avec ou sans redressement judiciaire”.
De leur côté les syndicats ont marqué leur déception estimant qu’il y avait peu d’avancées depuis le mois de juillet.
“Il n’y a rien qui légitime le redressement judiciaire”, a tempêté Fédéric Alpozzo, le représentant de la CGT marins affirmant qu’il était “erroné” de dire que la compagnie était condamnée à payer immédiatement les 440 millions réclamés par Bruxelles.
“L’Etat n’est pas sérieux sur ce dossier et cherche auprès de la Commission européenne à sortir du capital (de la SNCM) et à légitimer le modèle de Corsica Ferries”, a-t-il ajouté.
“Nous allons mettre en ?uvre tous les moyens à notre disposition, juridiques, politiques et, si nécessaire, le rapport de force pour que le gouvernement revienne à la raison”, a prévenu le représentant CGT.
“Malheureusement ce soir je reste pessimiste”, a lancé le représentant de la CFE-CGC, Pierre Maupoint de Vandeul, regrettant que “les acteurs autour du dossier (ne soient) toujours pas coordonnés”.
“Aujourd’hui aucun des acteurs autour de la table n’est en mesure de nous apporter des garanties, sur la transmissibilité juridique de la délégation de service public (entre la Corse et le continent) et sur l’effacement de passif”.
“Que vaut un projet quand personne ne le soutient. Ce qui manque ce sont les garanties juridiques (…) Aujourd’hui il y a un postulat de départ qui a été pris par les actionnaires, par le gouvernement, d’une solution de discontinuité alors qu’elle n’est même pas préparée”, a lancé le représentant de l’encadrement craignant que le redresssement judiciaire n’aboutisse “à envoyer une des plus grosses compagnies de navigation françaises au tapis”.