Port Africa, c’est le nom de la société d’investissement constituée par l’Etat tunisien à participation publique mais dans le cadre du partenariat public-privé (PPP) pour la réalisation du Port en eaux profondes d’Enfidha. Les opérateurs privés potentiellement intéressés par le projet ont été invités à s’y associer.
Chiheb Ben Hmed, ministre du Transport, voulant battre le fer tant qu’il est chaud, avait invité dans la matinée du mardi 9 septembre les bailleurs de fonds et les investisseurs qui avaient participé au Forum «Invest in Tunisia : Start-up democracy» à une visite sur terrain. «Une visite de prospection afin qu’ils voient d’eux-mêmes le potentiel de la zone. La zone d’Enfidha est d’ores et déjà dotée d’un aéroport, d’une ligne ferroviaire et d’une autoroute la liant aux plus grands centres industriels névralgiques du pays. Le port en eaux profondes ne fera que compléter la gamme de produits que nous voulons offrir aux investisseurs et renforcer sa position en tant que zone offrant toutes les exigences d’un hub logistique. Nous ne sommes pas dans les discours mais dans le concret. Nous estimons d’ores et déjà à 5000 le nombre d’emplois à pourvoir dans une première phase».
Le ministre a tenu à préciser que le Port d’Enfidha ne vise pas à concurrencer d’autres ports en eaux profondes dans la région méditerranéenne mais axera ses activités sur le transbordement (70 à 80%).
Cinq grands projets ont été proposés par le ministère du Transport dans le cadre du Forum «Invest in Tunisia: Start-up democracy» pour renforcer l’assise de la logistique dans le pays. «J’estime indispensable la création d’un Agence nationale pour la promotion de la logistique (ANPL). Je rappelle que 20% du PIB tunisien est englouti par la logistique. Imaginez ce que nous pouvions gagner en croissance si nous la gérions mieux et l’améliorions, usant d’une meilleure gouvernance d’autant plus qu’elle est un facteur d’attractivité important pour le site Tunisie».
Cette agence aura pour charge de faciliter les démarches et procédures pour les investisseurs et raccourcir les délais d’implantation de leurs projets. Elle sera composée de compétences interdépartementales chargées de résoudre tous les problèmes se rapportant aux concessions, à la gestion des ports aériens ou portuaires ou encore des négociations dans le cadre du PPP.
L’équipe a été identifiée et est aujourd’hui en formation. «Nous voulons, grâce à cette agence, générer des recettes supplémentaires à l’Etat. C’est à elle de mettre en place les stratégies de déploiement de tous les outils logistiques de notre pays dans une logique de rentabilité et d’optimisation de la compétitivité de la Tunisie. On en parlait depuis 2009, nous l’avons créée cette année. Vous pouvez dire que c’est un mini-méga-département dont le rôle est transversal».
L’Agence de promotion de la logistique aura éventuellement à gérer des projets, telle la mise à niveau du Port de Radès: «Nous avons décidé, comme convenu, de doter le port d’un deuxième terminal. Les quais 8 et 9 qui monopoliseront le transport des containers. Des consortiums d’opérateurs privés tunisiens sont dans la course et nous en sommes à trois candidats finalistes. Le premier terminal géré par la STAM concentrera ses activités sur le matériel roulant. Et pour ce qui est de la gestion et l’exploitation des terminaux, des joint-ventures sont envisagées avec les privés. Le but est de rénover les matériels de servitudes et les rendre plus performants».
Un troisième grand projet est déjà sur les rails: celui de la Bouche centrale du métro et son interconnexion avec les différents modes de transport et, pour terminer, un autre et non de moindre importance, celui de la ligne ferroviaire Kasserine/Tunis.
Tous ces projets portés par le gouvernement Jomaâ ne sont pas nés il y a moins d’une année lorsqu’il a été désigné à la tête de l’Exécutif tunisien. Il y a lieu toutefois de relever que son mérite, à lui ainsi que celui de certains de ses ministres, est de les avoir concrétisés.
Espérons que le prochain gouvernement sera plus soucieux de la continuité de l’Etat pour que tous ces projets, qui versent tout droit dans la reconstruction économique du pays, soient réalisés.
Car celui qui a précédé le gouvernement Jomaâ s’est acharné à détruire l’Etat. C’est un devoir de mémoire qui nous encourage à rappeler encore et toujours que le gouvernement du quartet a hérité de ministères désarticulés et d’un Etat presqu’en faillite, pour que l’on n’oublie jamais les véritables responsables de la décadence socioéconomique de la Tunisie.