Orly (Photo : Stéphand de Sakutin) |
[17/09/2014 04:35:52] Paris (AFP) Le bras de fer entre Air France et ses pilotes va se poursuivre mercredi, au troisième jour de grève où seuls 40% des avions tricolores devraient décoller, comme mardi.
Les trois syndicats en grève (SNPL AF Alpa, Spaf et Alter) organisent une assemblée générale des pilotes à 13H00. Réunion d’information a priori sans vote, cette AG vise à “montrer à la direction” que les grévistes “ne lâcheront pas”, selon Julien Duboz, porte-parole du Spaf.
Mercredi, 40% des vols devraient décoller, comme mardi, après moins de 50% lundi. La grève a été aussi massivement suivie mardi que la veille, par 60% des pilotes selon la direction, 75% selon le SNPL AF Alpa.
Si le SNPL a déposé un préavis de grève reconductible jusqu’au 22 septembre, le Spaf (deuxième syndicat) et Alter (non représentatif) ont allongé de deux jours le leur, jusqu’au 20.
Mardi à Roissy 60% des vols ont été annulés, 50% à Orly (50%), de source aéroportuaire. Mais depuis le début du conflit, aucune annulation “à chaud” n’a été signalée et l’ambiance reste “calme” dans les aérogares.
édéric Gagey pour un point de presse le 15 septembre 2014 à Paris (Photo : Joël Saget) |
A Bordeaux, seuls deux vols vers Orly devaient être assurés et aucun vers Roissy mercredi. Mardi, Toulouse ou Lille ont été les plus touchés, avec zéro vol Air France, ainsi que Nice et Marseille, avec un taux d’annulation de 90%.
Air France a recommandé aux clients ayant un vol d’ici au 22 de reporter leur voyage ou changer leur billet sans frais.
A l’origine du conflit, le développement de Transavia, la filiale low cost d’Air France: le SNPL, principal syndicat, craint que le projet en l’état de la direction n’entraîne un “pillage de l’emploi français”.
Le Spaf et le SNPL affirment être pour le développement de Transavia, mais s’opposent “aux conditions” de contrats d’embauche prévues par Air France.
– Le bonheur du rail –
Jusqu’à présent et malgré plusieurs séances de négociations, la direction a échoué à rassurer les pilotes sur ses projets. A sa proposition de limiter l’augmentation de la flotte à 30 avions d’ici à 2019, contre 37 initialement prévus, le SNPL a opposé une fin de non-recevoir.
Ce syndicat voit dans cette proposition un risque de développement de Transavia Europe, avec des contrats “moins-disants” et “son dumping social”, au détriment d’Air France.
Orly, le 16 septembre 2014 (Photo : Stéphane de Sakutin) |
Air France, dont les coûts d’exploitation restent élevés malgré des économies drastiques depuis 2012, subit sur son réseau moyen-courrier la concurrence toujours plus vive de transporteurs à bas coûts tels qu’easyJet, Ryanair ou Vueling.
Pour reconquérir les lignes concurrencées par les compagnies low cost, le groupe mise sur l’ouverture de nouvelles bases en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrats locaux.
Selon une source interne d’Air France, le coût horaire des pilotes est 40% plus élevé chez Air France que chez Transavia, où le salaire annuel brut oscille entre 87.000 et 180.000 euros, contre une rémunération comprise entre 75.000 et 250.000 euros chez Air France, selon le grade, l’ancienneté et l’affectation.
Le groupe rejette la principale revendication des syndicats de réserver aux pilotes d’Air France les avions de plus de 100/110 places, quelle que soit la compagnie du groupe (Air France, Transavia, Hop!).
Un mouvement d’une semaine serait le plus long conflit mené par des pilotes d’Air France (groupe Air France-KLM) depuis 1998. La direction évalue son coût de 10 à 15 millions d’euros par jour hors mesures de dédommagement. Deux syndicats toutes catégories, la CFE-CGC et la CFDT, ont dénoncé un mouvement “corporatiste”, qui sapent les efforts réalisés par l’ensemble des salariés depuis 2012.
Pour l’anecdote: la grève des pilotes semble faire le bonheur du rail. La SNCF a noté une hausse de 3% des ventes de billets depuis le début de la grève. Et a, de ce fait, augmenté ses capacités.