Chine : Pékin injecte des liquidités dans ses banques

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à Pékin en Chine, le 17 septembre 2014 (Photo : Greg Baker)

[17/09/2014 13:08:20] Pékin (AFP) Pékin va injecter 500 milliards de yuans dans ses plus grosses banques selon des médias, mesure dont l’impact réel laisse les analystes sceptiques mais qui pourrait être le prélude de nouvelles mesures pour enrayer le ralentissement de la deuxième économie mondiale.

Le portail d’informations en ligne Sina a rapporté tard mardi, en citant des sources dans les institutions financières, que la banque centrale chinoise (PBOC) allait injecter l’équivalent de 63 milliards d’euros (81 milliards de dollars) dans les cinq plus grosses banques du pays, toutes contrôlées par l’Etat.

La PBOC n’a pas confirmé cette future injection de liquidités, dont l’annonce par Sina puis par une agence financière a contribué à faire grimper Wall Street puis les Bourses chinoises.

“Si c’est confirmé, cela montrerait que les dirigeants chinois ont été sensibles au net assombrissement des indicateurs d’activité en août”, ont réagi les experts de la banque Nomura.

Et de l’avis général, ce n’est que le début: “Pékin va introduire une nouvelle tranche de mesures d’assouplissement (monétaire) et de relance dans les prochaines semaines pour renforcer la confiance et stabiliser la croissance”, a ainsi prédit Lu Ting, de Bank of America Merrill Lynch.

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à Pékin, en Chine, le 17 septembre 2014 (Photo : Greg Baker)

ICBC – plus grosse banque du pays -, Bank of China, China Construction Bank, Agricultural Bank of China et Bank of Communications vont chacune recevoir 100 milliards de yuans sur trois mois, selon les médias.

Ces liquidités seront accordées via une facilité de crédit permanente (SLF) de la PBOC, existant depuis janvier 2013 et destinée à répondre aux besoins de liquidité sur le court terme.

– Environnement morose –

Des mesures de Pékin pour revigorer l’activité étaient largement attendues après des salves de médiocres statistiques ces dernières semaines.

La production industrielle a ainsi marqué en août un brutal ralentissement –à son plus bas rythme de progression depuis 5 ans– et les importations ont reculé, confirmant un essoufflement susceptible de menacer l’objectif officiel de croissance économique de 7,5% pour l’année.

La croissance du PIB chinois avait ralenti à 7,4% au premier trimestre, au plus bas depuis 18 mois, poussant les autorités à adopter des exemptions fiscales, facilités d’investissements, et assouplissements ciblés des règles bancaires pour encourager les prêts aux petites entreprises.

Mais après un sursaut au deuxième trimestre (+7,5% de croissance), ce “mini-plan de relance” a fait long feu ; nombreux sont les analystes à prédire désormais un brutal ralentissement de la croissance pour le troisième trimestre (parfois jusqu’à 7,1%).

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à Pékin, le 15 septembre 2014 (Photo : Feng Li)

Or, beaucoup se montraient très sceptiques mercredi sur l’impact particulier de ces nouvelles injections de liquidités.

“Le soutien aux investissements des entreprises et à l’économie réelle sera relativement limité”, estimait Wang Tao, économiste de UBS.

“Le repli du marché immobilier (un pilier de l’économie, ndlr) continue de s’aggraver, les capacités excédentaires (dans l’industrie) s’accumulent, et la conjoncture reste sombre” sur fond de faiblesse des exportations, expliquait-elle.

– Impact “limité” et temporaire –

Pour Jian Chang, économiste de Barclays, l’injection de 500 milliards de yuans “équivaut à une réduction de 50 points de base des taux de réserves obligatoires des banques” (celles qu’elles sont sommées de mettre de côté).

Mais “l’impact sur la liquidité à long terme, les prêts bancaires, sera limité” et “seulement temporaire”, a averti l’analyste, pour qui “un abaissement des taux d’intérêt sera inévitable au cours des trimestres à venir”.

Même son de cloche chez les experts du cabinet Capital Economics: pour eux, ces injections ressemblent davantage à “de banales opérations pour lisser la liquidité avant les vacances nationales” du 1er octobre.

La plupart des entreprises cessent leurs activités une semaine durant, et ces congés sont habituellement précédés d’un pic de la demande de liquidités. La PBOC avait eu recours en janvier à exactement la même facilité de crédit (SLF) avant les longues vacances du Nouvel an lunaire.

Les dirigeants chinois ont exclu tout plan de relance massif, tout en se disant prêts à des coups de pouce “ciblés” et à des mesures “d’ajustement”.

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à Pékin, en Chine, le 15 septembre 2014 (Photo : Greg Baker)

Le gouvernement a d’ailleurs dévoilé mercredi soir une extension des exemptions fiscales existantes, dont pourront désormais bénéficier les entreprises au chiffre d’affaire mensuel inférieur à 3.750 euros (contre 2.500 euros auparavant), ainsi que des subventions à certaines petites firmes effectuant des recrutements.

“Ce n’est pas possible pour nous de continuer à faire marcher la planche à billets pour stimuler la croissance”, avait cependant récemment déclaré le Premier ministre Li Keqiang, cité par le quotidien Zhengquan Ribao.

Pékin fait grand cas de ses efforts pour “rééquilibrer” son économie, dissuader les investissements non productifs et enrayer l’envolée des dettes publiques et privées, en s’attaquant à la “finance de l’ombre”, officines de crédit non régulées opérant hors du système bancaire.