Air France : les pilotes toujours mobilisés au 4e jour de grève

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Air France (Photo : Pascal Guyot)

[18/09/2014 04:45:47] Paris (AFP) A J+4, la bataille entre les pilotes d’Air France et leur direction autour du développement de la filiale low cost de la compagnie, Transavia, était toujours vive jeudi, six avions sur dix devant rester bloqués sur le tarmac, comme les jours précédents.

Depuis lundi, le mouvement est massivement suivi, par 60% des pilotes selon la direction (75% selon le SNPL AF Alpa, syndicat majoritaire). Autant de grévistes se sont déclarés pour jeudi, selon la compagnie, malgré un appel du Premier ministre Manuel Valls à “arrêter cette grève”.

En conséquence, seuls quatre avions sur dix (42%) doivent décoller dans la journée, une proportion similaire à celle de la veille.

Et les pilotes ont l’air déterminés à continuer.

“La profession est derrière nous, la mobilisation est forte, ça montre que notre combat est juste”, a déclaré mercredi Jean-Louis Barber, président du SNPL AF Alpa (syndicat majoritaire), à l’issue de la première assemblée générale organisée depuis le début du conflit. Le syndicat estime d’ailleurs que la direction minore le taux de vols annulés.

Jusqu’à présent, Air France n’a pas réussi à rassurer les pilotes sur ses projets.

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éroport de Roissy Charles-de-Gaulle, le 17 septembre 2014 (Photo : Eric Feferberg)

Pour réagir à la concurrence toujours plus vive de transporteurs à bas coûts, le groupe AF-KLM veut développer la flotte de Transavia en France en attirant des volontaires d’Air France. Il veut aussi ouvrir de nouvelles bases Transavia en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrats locaux.

Les pilotes ne se disent pas hostiles à la croissance de la low cost mais conditionnent leur soutien à la mise en place d’un contrat de pilote unique pour toutes les compagnies du groupe Air France (Air France, Transavia, Hop!), qui préserve leurs conditions de travail, plutôt avantageuses.

– Nouveau geste de la direction –

La future Transavia Europe attise davantage leurs craintes encore: les syndicats redoutent du “dumping social” au sein du groupe et des transferts à terme de lignes vers la low cost européenne.

Air France juge la demande des pilotes, d’un contrat unique, irréaliste car trop chère. La compagnie a tenté une ouverture en proposant de limiter l’augmentation de la flotte de Transavia France à 30 avions d’ici à 2019, contre 37 prévus, mais les pilotes n’ont pas été convaincus.

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és lors de la troisième journée de grève à Air France, dans les principaux aéroports (Photo : JM. Cornu/A. Bommenel/P. Defosse)

Le SNPL y voit une man?uvre pour justifier un plus fort développement de Transavia Europe, avec des contrats “moins-disants” socialement.

Mercredi soir, le groupe a fait un nouveau geste dans un courrier adressé aux 3.900 pilotes de la compagnie, en proposant de conclure avec les syndicats un accord sur le partage des activités de Transavia France, Hollande et Europe. Un porte-parole de la compagnie a estimé que ces avancées étaient “de nature à rassurer les pilotes quant aux craintes infondées de délocalisation”.

Le SNPL n’avait pas réagi dans l’immédiat mercredi soir, le Spaf (deuxième syndicat) jugeant l’offre “pas acceptable”.

Les négociations doivent reprendre jeudi à 10H00.

Dans les aéroports, où parfois le taux d’annulation a dépassé 90%, la situation est toutefois restée calme jusqu’à présent. Les passagers ont été la plupart du temps prévenus en amont, Air France ayant envoyé plus d’un million de messages.

La compagnie recommande toujours à ceux ayant un vol d’ici au 22 de reporter leur voyage ou de changer leur billet sans frais. Le préavis reconductible du SNPL court jusqu’à cette date, ceux du Spaf et Alter (non représentatif) jusqu’au 20.

Le SNPL AF Alpa décidera vendredi s’il reconduit au-delà de lundi le mouvement.

Un mouvement d’une semaine serait le plus long conflit mené par des pilotes d’Air France (groupe Air France-KLM) depuis 1998. La direction évalue son coût de 10 à 15 millions d’euros par jour, hors dédommagements.

La direction d’Air France pourrait en appeler à la numérologie pour sortir du conflit, sachant que les précédentes grèves de pilotes (en 2002, 2008 et 2012) avaient toutes trouvé une issue au bout de quatre jours. Mais 1998 a été l’exception confirmant la règle avec… 10 jours de blocage.