La BCE amorce à nouveau la pompe à crédit pour les banques

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ège de la Banque centrale européenne à Francfort, le 3 juillet 2014 (Photo : Daniel Roland)

[18/09/2014 06:14:32] Francfort (AFP) La Banque centrale européenne (BCE) dévoilera jeudi le résultat d’une nouvelle vague de prêts extrêmement avantageux pour les banques de la zone euro, dans l’espoir, sans doute un peu vain, que celles-ci financent plus généreusement l’économie.

L’institution monétaire de Francfort a ouvert mardi la période de souscription pour une première allocation de prêts ciblés à long terme, baptisés TLTRO (Targeted Long-Term Refinancing Operations), dont le résultat sera publié jeudi à 09H15 GMT et qui sera suivie d’un deuxième tour le 11 décembre.

Au total, les banques auront la possibilité d’emprunter jusqu’à 7% de leurs encours de crédits aux entreprises et aux ménages – environ 400 milliards d’euros – dès cette année au moyen de ces deux opérations.

Dans la foulée, six autres TLTRO seront organisés à raison d’un par trimestre entre mars 2015 et juin 2016, au cours desquels les banques pourront emprunter jusqu’à trois fois le montant net des prêts supplémentaires qu’elles auront alloués au secteur privé.

Par ricochet, ces prêts doivent permettre de faire repartir la machine économique au point mort en zone euro.

Mais le programme “est peu susceptible de relancer les crédits bancaires dans le sud de l’Europe”, préviennent les experts de l’agence de notation Fitch, tant “l’appétit des banques pour prêter et la demande de crédit restent atones”.

– Prêts bon marché –

Les TLTRO, dont l’échéance est fixée à septembre 2018, s’annoncent pourtant très bon marché puisque leur coût sera calculé en fonction du principal taux directeur de la BCE, actuellement à un plus bas historique de 0,05%.

Selon les calculs de la BCE, la demande des banques pour l’ensemble des huit opérations devrait osciller entre 450 et 850 milliards d’euros, avait indiqué début août son président Mario Draghi.

La banque centrale n’en est pas à son coup d’essai: deux prêts géants de long terme (LTRO) avaient déjà été accordés fin 2011 et début 2012. Mais ils avaient déçu: certes ils ont permis d’aider les banques, dans un marché soupçonneux où elles étaient réticentes à se prêter entre elles, mais les entreprises n’ont pas ou très peu vu la couleur de cet argent.

Cette fois-ci, les TLTRO seront assujettis à la condition expresse que les banquiers prêtent à l’économie réelle. Les banques qui ne pourront pas prouver qu’elles ont délié les cordons de leur bourse devront rembourser plus tôt, à savoir dès l’automne 2016.

Aucune autre pénalité n’est toutefois prévue, pas plus qu’une interdiction pour les banques d’utiliser ces fonds à d’autres fins que pour le financement de l’économie réelle.

– Incertitudes sur la demande –

Pas sûr pour autant que celles-ci répondent présentes, estiment les analystes.

“Nous nous attendons à ce que la demande (pour le premier TLTRO, ndlr) soit plutôt décevante, aux alentours de 100 milliards d’euros”, pronostiquent ceux de la banque allemande Commerzbank.

“En raison de la détérioration des perspectives économiques, les banques risquent de réduire leurs prévisions concernant la demande du secteur privé” et “vont également avoir moins besoin de liquidité des banques centrales”, selon eux.

En outre, certains instituts de crédit pourraient être tentés d’utiliser ces opération pour rembourser les prêts contractés lors des précédents LTRO, dont le taux était plus élevén et qui arrivent à échéance à compter de début 2015. Par conséquent, “l’impact des TLTRO sur le volume de liquidité total sera limité dans un premier temps”, juge-t-on chez Natixis.

Les experts de la banque italienne UniCredit estiment eux que “les TLTRO vont aider à la marge, mais ils ont peu de chance de changer complètement la donne”, dans une zone euro où l’économie n’arrive pas à redresser la tête.

Pour UniCredit, “une faible souscription (aux prêts TLTRO) devrait rapidement alimenter les spéculations sur le fait que la BCE va devoir racheter en dernier ressort des obligations souveraines”, l’une des dernières armes à sa disposition.