évue vendredi (Photo : Joel Saget) |
[18/09/2014 12:06:53] Paris (AFP) Le gouvernement a démenti jeudi avoir été informé d’une baisse de la note de l’agence Moody’s sur la dette de la France, faisant monter encore d’un cran la tension avant une annonce prévue officiellement vendredi.
L’exécutif “n’a reçu aucune information de (l’agence de notation) Moody’s à ce stade”, a indiqué jeudi à l’AFP le ministère des Finances, répliquant à une information de presse.
“Le gouvernement dément l’information donnée par L’Opinion”, a indiqué Bercy, à quelques heures d’une conférence de presse sous haute tension du président François Hollande.
Selon le journal, Moody’s a déjà fait savoir à l’exécutif que la note de la qualité de dette à long terme de la France avait été baissée d’un cran, à Aa2 contre Aa1.
La publication officielle de l’agence est attendue vendredi après clôture de la Bourse, soit après 17h35, heure de Paris. L’usage veut toutefois que le gouvernement soit informé à l’avance.
L’agence de notation a quant à elle rappelé à l’AFP qu’elle ne faisait pas de commentaires avant ses éventuelles décisions en matière de notation.
La note Aa2 est la troisième meilleure possible dans l’échelle de Moody’s, et désigne encore un émetteur “de haute qualité”.
Dès août, Moody’s avait affirmé que la France manquerait ses objectifs budgétaires pour 2014 et 2015, ce que le gouvernement vient de confirmer, et émis des doutes sur la capacité de l’exécutif à mettre en oeuvre les réformes promises.
Paris vient de reconnaître que le déficit public, loin de refluer progressivement sous la barre de 3% du Produit intérieur brut, comme promis aux partenaires européens, dépassera 4% cette année comme l’an prochain.
– Retentissement politique –
L’agence la plus connue, Standard and Poor’s, a elle déjà baissé sa note sur la dette française, au troisième échelon de son tableau, soit “AA”.
Cela correspond dans le système de notation de Moody’s à la note “Aa2”.
Certains économistes estiment qu’un tel alignement de Moody’s sur Standard and Poor’s n’aurait rien de très surprenant.
Les analystes de la Royal Bank of Scotland jugeaient dès mercredi une baisse de la note française par Moody’s “très probable”, et estimaient dans un communiqué que l’agence pourrait de plus “assortir la note d’une perspective négative”, en d’autres termes menacer Paris de continuer sur cette lancée.
Ils préviennent toutefois que l’effet sur les marchés serait “très limité”.
Jusqu’ici les annonces des agences n’ont en effet pas eu d’impact concret pour la dette française. Le pays continue à emprunter à des taux historiquement bas, comme la plupart de ses partenaires européens, grâce notamment à la confiance des investisseurs dans la politique de la Banque centrale européenne.
Le rendement des titres français à 10 ans évoluait ainsi jeudi autour de 1,4%.
En revanche le retentissement politique de ces annonces est toujours immense, ce qui avait notamment conduit l’Union européenne à imposer aux agences un calendrier précis de publication, là où auparavant elles pouvaient s’exprimer de manière impromptue.
Malgré le démenti de Bercy, le mal semblait fait jeudi à quelques heures de la conférence de presse de rentrée de François Hollande, qui s’annonçait déjà très périlleuse.
Le président fera face à 17H00 à quelque 350 journalistes, pour une durée de deux à trois heures, et nul doute que les questions économiques auront toute leur place.
La France est considérée par son propre ministre de l’Economie Emmanuel Macron comme “malade”, et plusieurs organisations internationales (FMI, OCDE) s’inquiètent de la mollesse persistante de sa croissance, qui devrait atteindre 0,4% cette année, et 1% l’an prochain.