«L’amélioration de l’environnement des affaires, la simplification de la bureaucratie, la restructuration du secteur financier, sont les réformes que le gouvernement doit mettre en place d’urgence, dans les mois, voire les semaines à venir”. C’est ce qu’a affirmé l’économiste en chef de la Banque mondiale (BM), Jean Luc Bernasconi, ajoutant que les objectifs escomptés sont d’assurer la relance économique en Tunisie, et, par conséquent, achever la transition politique».
Il a fait cette déclaration en marge de la présentation du rapport «Tunisie, la révolution inachevée», mercredi 17 septembre à Tunis.
Les handicaps de l’économie tunisienne…
Elaboré par l’institution financière internationale, ce rapport est le premier à présenter une analyse complète de l’économie tunisienne depuis la révolution en 2011. Le document fournit une analyse détaillée des principaux freins à la croissance et à la création d’emplois et propose des pistes de réflexion sur les réformes qui pourraient accompagner, voire accélérer la transformation structurelle dont l’économie tunisienne a besoin.
Selon M. Bernasconi, la relance économique tunisienne est entravée par plusieurs difficultés, entre autres un taux de croissance faible, un chômage persistant et un déficit budgétaire et extérieur inquiétant. «Il s’agit de difficultés structurelles causées, essentiellement, par l’absence de la concurrence, une réglementation et une bureaucratie excessives, outre un secteur financier inefficace».
Le professeur d’économie à l’université tunisienne, Abderrahmen Lahga, a, de son côté, déclaré, selon l’agence TAP, que l’adoption de nouveaux procédés dans la présentation du rapport de la BM (vidéo,caricatures) s’inscrit dans le cadre de la nouvelle politique de la BM. Celle-ci consiste, a-t-il dit, à montrer la situation réelle de manière à encourager les différentes parties à entreprendre les réformes nécessaires.
L’expert tunisien, qui a contribué à préparer une copie vulgarisée du rapport, a qualifié la nouvelle politique de la BM d'”intelligente”, sachant que la réussite des réformes exige le consensus et l’adhésion de l’ensemble des concernés en vue de son exécution.
Réformes du système bancaire…
Ces réformes, a-t-il précisé, seront refusées par les parties qui profitent de la situation actuelle et qui ne manqueront pas d’entraver leur réalisation. Parmi les réformes que la Tunisie est appelée à engager, à la demande de la BM, il a notamment cité celle du secteur bancaire que le gouvernement a entamée “mais pas de manière claire”, a indiqué Lahga, considérant, à ce sujet, que le plus important est le retour à la bonne gouvernance dans les banques publiques et la nomination de compétences à leur tête.
Selon M. Lahga, à l’exception de cette réforme qui exige des financements d’un montant de 3 millions de dinars, le reste des réformes citées dans le rapport n’a pas d’incidence sur le budget.
Il a enfin affirmé que ces réformes nécessitent “un courage politique”, sachant qu’elles procureront plus de 108.000 postes d’emploi par an.
La BM et le gouvernement Jomaa…vers direction
Hakim Ben Hammouda, ministre de l’Economie et des Finances, a souligné que les réformes proposées par la BM vont de pair avec le projet de la stratégie économique présenté par le gouvernement lors de la conférence sur l’investissement “investir en Tunisie-startup démocracy” tenue le 8 septembe à Tunis.
Il a rappelé que cette stratégie vise à «mettre l’économie tunisienne sur la voie du redressement». Hammouda a mis l’accent, par ailleurs, sur l’importance de la coopération de la Tunisie avec les bailleurs de fonds internationaux, notamment la BM, puisqu’elle lui permettra de bénéficier d’un appui financier, mais surtout d’un transfert de la technologie et du savoir ainsi que de faire connaître l’expérience tunisienne à l’échelle internationale.
Le ministre a également souligné l’impératif de prévoir les difficultés qui peuvent entraver le processus de la relance économique et de définir les solutions adéquates.
Eileen Murray, représentante résidente de la BM en Tunisie, a affirmé que le rapport sert de base d’analyse pour que les Tunisiens puissent se concerter afin de réussir les réformes économiques. La finalité est de fonder un nouveau modèle économique tunisien plus ouvert et compétitif, en mesure d’offrir des emplois aux jeunes, dans un contexte plus décentralisé.
Elle a rappelé, dans le même contexte, que la BM n’a cessé d’appuyer la Tunisie, depuis 2011, afin que le pays puisse réussir sa révolution. «En 2014, la BM s’est engagée à mettre à la disposition de la Tunisie des financements (sous forme de dons et de prêts), à hauteur de 1,2 milliard de dollars pour 2014, 1 milliard de dollars pour 2015 et 1 milliard de dollars pour 2016. Ces enveloppes permettront de financer des projets innovants afin d’assurer un bon redémarrage de l’économie», a-t-elle noté.