Le retour, savamment médiatisé de Mondher Zenaïdi, donne la mesure de la totale crise de nerfs que les Tunisiens vivent ces jours-ci. Les dinosaures de l’ère Ben Ali se ruent sur la chirurgie esthétique et tirent profit des échecs d’Ennahdha et de la dispersion des partis démocratiques et leur fragilité pour ruer dans les brancards. Tunisiens nous revoilà!
Il y a aujourd’hui des citoyens, en pleine possession de leurs facultés mentales, pour appeler tout simplement à passer l’éponge. Il y a des citoyens, y compris et surtout dans l’élite politique et journalistique, pour oser dire qu’un Monsieur X, ancien ministre pendant plus 20 ans de Ben Ali, est un vrai ange mais que nous ne le savions pas! Pardi!
Mondher Zenaidi, Abderrahim Zouari, Kamel Morjane, Mohamed Ghariani, etc. n’étaient pas connus comme des malfrats ou des voleurs de la chose publique. Il se trouve parmi eux-mêmes certains dont la mainmise des Trabelsi sur le pays indisposait beaucoup. Cependant, ils étaient des figures de prou du régime. Des responsables de premier plan dans des secteurs stratégiques où les Trabelsi avaient obligatoirement des intérêts et pas que des petits, puisqu’ils avaient des intérêts partout. Ils ont dit oui à tous les caprices du dictateur et ils n’ont jamais opposé la moindre velléité de critique.
Alors tout ça pour ça?! Tout ce que le peuple tunisien a sacrifié comme martyrs parmi sa jeunesse, toute cette peur du terrorisme qui gangrène le pays, toutes ces difficultés de la vie ordinaire et de perte de pouvoir d’achat pour se voir élire un ancien ministre de Ben Ali? Dans ce que là, pourquoi ne pas s’adresser au Bon Dieu au lieu de ses saints? Faites revenir l’Artiste et annoncer la Restauration!
Il faut rendre à César ce qui est à César! Les grands «partis» de la scène actuelle, en l’occurrence Ennahdha et Nida Tounes, ont eux-mêmes initié le mouvement. Ennahdha a trainé les pieds pour ne pas adopter rapidement une loi sur la justice transitionnelle qui aurait pu régler, dans la transparence, l’héritage du Bourguibisme et de Ben Ali; il a a ouvert la voie ainsi à la surenchère de certains sur les règlements des comptes. Nida Tounes a de son côté fait tout pour banaliser le retour des anciens ténors du RCD.
Alors il ne sera pas du tout utopique de voir demain (le 26 octobre et le 2 novembre) les Tunisiens voter pour ce Monsieur X qui annoncera le plus démocratiquement du monde «Fehmtokom! yeuu Naam! Fehemtkom!» (Je vous ai compris! Oui! Je vous ai compris!). Et nous ferons comme les Français qui ont ramené un des descendants de la famille royale pour démarrer la période dite de la «Restauration».