Air France : plus d’un avion sur deux toujours immobilisé, négociations au point mort

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Orly le 18 septembre 2014 (Photo : Eric Feferberg)

[19/09/2014 05:19:48] Paris (AFP) Plus d’un avion d’Air France sur deux restera au sol encore vendredi, au 5e jour du conflit qui oppose les pilotes et la direction de la compagnie sur le développement de sa filiale low cost Transavia, et les négociations semblent au point mort à la veille du week end.

Air France prévoit toutefois pour vendredi une légère amélioration du trafic, avec “plus de 45%” de vols assurés, contre 42% jeudi. Selon la direction, le taux de grévistes devrait passer pour la première fois en dessous de 60%.

Des chiffres contestés par le premier syndicat de pilotes, le SNPL AF Alpa (majoritaire), qui affirme recenser 80% de grévistes et 85% de vols annulés après décompte des vols opérés pour le compte des filiales ou d’autres compagnies.

Ni les propositions de la direction, ni les appels à cesser la grève, notamment du Premier ministre, Manuel Valls, n’ont entamé la détermination des pilotes qui, à l’appel de deux syndicats, mènent la grève la plus longue depuis 1998.

Pour réagir à la concurrence toujours plus vive de ses concurrents à bas coûts, le groupe AF-KLM veut développer la flotte de Transavia en France en attirant des volontaires d’Air France. Il veut aussi ouvrir de nouvelles bases Transavia en Europe dès 2015, avec des pilotes sous contrats locaux.

Vent debout contre ce projet, les syndicats redoutent un “dumping social” au sein du groupe et des “délocalisations” au détriment des emplois français.

Après avoir proposé mardi de limiter temporairement l’extension de Transavia à 30 avions en France jusqu’en 2019, Air France a mis sur la table mercredi soir une deuxième offre: conclure avec les syndicats un accord délimitant précisément les activités de Transavia.

“Sur les villes de France où Transavia France va se développer, Transavia Europe ne viendra pas”, a assuré jeudi le PDG du groupe Air France KLM, Alexandre de Juniac.

Une proposition “largement insuffisante”, a rétorqué Jean-Louis Barber, le président du SNPL. Le deuxième syndicat de pilote, le Spaf, juge aussi que cette offre n’est “pas acceptable”.

“J’en viens à me demander s’il y a vraiment (chez les syndicats) une volonté de négocier”, a observé M. de Juniac en rappelant que la grève coûte chaque jour “10 à 15 millions d’euros” à la compagnie, au moment où celle-ci “sort à peine la tête de l’eau”.

– Un préavis de grève prolongé –

Le PDG a encore repoussé jeudi la proposition des syndicats d’un contrat de pilote unique pour les gros avions de toutes les compagnies du groupe.

Et depuis, en dépit d’une nouvelle réunion jeudi après-midi entre direction et syndicats, la situation s’enlise.

En outre, le Spaf accuse la compagnie de “détourner” la loi Diard encadrant le droit de grève dans le transport aérien et l’assigne au tribunal. Une démarche “particulièrement abusive”, a répliqué l’avocat de la compagnie. Une audience est prévue vendredi matin à Bobigny.

La grève pourrait se prolonger jusqu’à la semaine prochaine. Samedi, le SNPL annoncera si ses adhérents décident de reconduire le mouvement au-delà de lundi. Par précaution, le syndicat a confirmé avoir déposé un nouveau préavis de grève de quatre jours, jusqu’au 26 septembre, en attendant le résultat de la consultation. Le Spaf a, lui, étendu son préavis de deux jours, jusqu’au 22.

En 1998, le conflit des pilotes avaient duré dix jours.

Jeudi, la CGT Air France, tout en déplorant “les accents corporatistes” du mouvement , a appelé tous les salariés de la compagnie à se rassembler “dans un combat commun pour pérenniser des emplois Air France de qualité”.

Dans les aéroports, où le taux d’annulation dépasse jeudi les 80% à Toulouse et Marseille, la situation reste calme jusqu’à présent car aucun vol n’est annulé à chaud et les passagers ont été la plupart du temps prévenus en amont.

La compagnie recommande toujours à ses clients ayant un vol d’ici au 22 septembre de reporter leur voyage ou de changer leur billet sans frais.