ège de Total à La Défense près de Paris (Photo : Eric Piermont) |
[19/09/2014 12:07:17] Paris (AFP) Arkema a annoncé vendredi vouloir racheter Bostik, la filiale d’adhésifs de Total qu’il valorise à 1,74 milliard d’euros, une opération majeure qui s’inscrit dans son ambition de devenir un des plus grands chimistes de spécialités mondiaux.
“Total a reçu une offre du groupe français Arkema, l’un des principaux acteurs mondiaux de la chimie de spécialités, pour l’acquisition de sa filiale Bostik”, a confirmé Total dans un communiqué distinct.
Le géant pétrolier, qui se désengage progressivement de la chimie de spécialités pour se recentrer sur la pétrochimie, a précisé avoir accordé “une période d’exclusivité à Arkema pour mener à bien son offre”.
Ancien pôle chimie de Total, dont il s’est détaché pour être introduit en Bourse, “Arkema a mené depuis 2006 une transformation réussie et en profondeur de son portefeuille d’activités avec l’ambition de devenir un leader mondial de la chimie de spécialités. Avec le projet d’acquisition de Bostik, c’est une nouvelle étape majeure qui se concrétise”, a indiqué le chimiste.
Le montant de l’acquisition n’a pas été communiqué, mais l’offre valorise Bostik à 1,74 milliard d’euros, soit 11 fois l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) du numéro trois mondial des adhésifs.
Il s’agirait de “la plus grande acquisition jamais réalisée par Arkema”, a souligné le PDG du groupe, Thierry Le Hénaff, lors d’une conférence téléphonique.
Elle permettrait au groupe de pénétrer un marché des adhésifs dont il est encore absent, qui représente environ 50 milliards de dollars au niveau mondial, avec une croissance annuelle d’environ 3%.
L’opération gonflerait aussi de 25% son chiffre d’affaires, qui s’est élevé à 6,1 milliards d’euros en 2013, contre 1,5 milliard pour Bostik, grâce notamment à sa forte présence dans les pays émergents et sur des segments variés, du grand public (surface bricolage) à la construction, l’industrie aéronautique, les emballages ou le non-tissé (couches culottes).
Combinée à un programme de cessions complémentaires de 500 millions d’euros, elle conduit Arkema à relever son objectif d’Ebitda pour 2017 à 1,31 milliard d’euros, contre 1,28 milliard précédemment.
L’annonce a toutefois été mal accueillie à la Bourse de Paris: l’action Arkema perdait 2,21% à 56,54 euros et celle de Total reculait de 0,68% à 49,66 euros, vers 13H45.
– Engagements d’Arkema –
Cet adossement sera financé par une augmentation de capital avec droit préférentiel de souscription d’environ 350 millions d’euros, une émission de titres hybrides comprise entre 600 et 700 millions d’euros et une émission obligataire senior de 500 à 600 millions d’euros.
ège du chimiste Arkema à Colombes près de Paris (Photo : Bertrand Guay) |
Le choix de Total, qui a reçu plusieurs marques d’intérêt, s’est porté sur Arkema au vu des “engagements” donnés par le chimiste français sur la pérennité de l’activité et le maintien de l’emploi, avec une valorisation “attractive”, comparable aux leaders du secteur comme Henkel et Sika, a expliqué à l’AFP le patron de la branche raffinage-chimie du pétrolier, Patrick Pouyanné.
Arkema estime que l’Ebitda de Bostik devrait croître de 30% environ sur trois ans, soit 47 millions, avec l’objectif d’atteindre le taux de marge moyen du secteur des adhésifs, entre 14 et 15%.
“On a toujours dit que nos chimies de spécialités n’étaient pas au coeur des activités énergétiques de Total”, a dit M. Pouyanné. “Notre discours est que si on a le sentiment que notre stratégie peut devenir un handicap pour elles, on regarde des solutions industrielles pour leur futur”.
En juillet, Total avait annoncé avoir fiancé sa filiale CCP Composites, spécialisée dans les matériaux composites, au groupe Polynt. En février, le groupe avait annoncé la vente de son activité européenne de fertilisants à l’autrichien Borealis. Et en 2011, la fabrication de résines avait déjà été cédée à Arkema.
La transaction pourrait être finalisée au premier trimestre 2015.
Total a prévu de céder entre 15 et 20 milliards de dollars d’actifs sur la période 2012-2014, un objectif que le groupe pense atteindre, voire dépasser.
Si la cession de Bostik aura un impact “limité” sur les résultats du groupe, l’opération est “significative en termes de cash”, a souligné M. Pouyanné: “cela va représenter en cash, pour Total, à peu près 2,1 milliards de dollars”.
Cette somme ne servira “pas à augmenter les dividendes” mais “entrera dans la gestion de trésorerie du groupe Total, qui peut aussi servir à maintenir notre ratio d’endettement à l’objectif qu’on s’est fixé”, a-t-il relevé.