érienne du port de Rio de Janeiro, au Brésil (Photo : Yasuyoshi Chiba) |
[22/09/2014 07:31:44] Brasilia (AFP) Le Brésil en récession, l’Argentine en défaut partiel, le Venezuela en catégorie hautement spéculative: en Amérique latine, la décennie dorée n’est plus qu’un lointain souvenir et le ralentissement actuel met en évidence les bons et mauvais élèves en matière économique.
Après des années autour de 5-6%, la croissance de la région passera sous les 2% en 2014, selon les prévisions des analystes.
Certains pays ont été épargnés comme le Chili, la Colombie, le Mexique, le Pérou, où l’économie devrait progresser de 3% en 2014 puis 4% en 2015.
Et l’éclatement général de la bulle, tellement craint par les économistes, ne s’est pas produit.
à Buenos Aires (Photo : Graciela Calabrese) |
“Dans le passé, à chaque fois qu’il y avait ces situations (de ralentissement), les politiques menées en Amérique latine accentuaient le problème”, rappelle Augusto de la Torre, chef économiste de la Banque Mondiale pour la région.
“L’Amérique latine dans ces années-là (les années 1980 et 1990, NDLR) était une région propice à enchaîner les bulles, puis leur éclatement”, dit-il, saluant la politique monétaire menée par les banques centrales dans les pays qui résistent.
“Il y a des pays qui ont bien géré les rentrées d’argent et ne sont pas tombés dans le piège de mener des politiques populistes, tout en gardant une bonne gestion macroéconomique et en se constituant un matelas à partir de ces bonnes années”, explique Juan Ruiz, chef économiste sur l’Amérique du sud pour la branche études de la banque espagnole BBVA.
“Et il y a des pays qui ne l’ont pas fait”.
Le meilleur exemple est la première économie régionale: le Brésil.
Entre 2005 et 2010, le pays a enregistré une croissance moyenne de 4,5% par an. Ce sont ainsi plus de 30 millions de Brésiliens qui sont sortis de la pauvreté.
Mais avec l’entrée en récession au premier semestre 2014, les erreurs de jugement du gouvernement ressortent cruellement: il a dépensé au lieu d’économiser pendant le boom, plaçant son argent dans les programmes sociaux plutôt que dans les infrastructures, tout en faisant croître le poids de l’Etat.
– L’Etat omniprésent –
é de Caracas, le 17 juin 2014 (Photo : Leo Ramirez) |
Cette omniprésence de l’Etat pèse sur de nombreuses économies latinoaméricaines, observe Carlos Sabino, économiste à l’université Francisco Marroquin University au Guatemala.
“Quand la situation est bonne, il n’y a pas de problème. L’Etat a beaucoup de recettes et tout est merveilleux. Mais personne ne réalise que ces recettes vont monter puis descendre selon les prix des matières premières”.
Les politiques économiques de plusieurs pays de la région ont été pointées du doigt récemment, pour leur difficulté à tenir leur budget et gérer leurs devises.
“Le gouvernement vénézuélien n’a pas été capable d’introduire des mesures de correction pour stabiliser l’économie”, a estimé l’agence de notation Standard & Poor’s en dégradant sa note souveraine à CCC+ (catégorie spéculative à risque élevé).
Le pays, malgré ses réserves de brut, les plus importantes au monde, est en “risque de défaut de paiement dans les deux prochaines années”, cumulant récession, inflation élevée et problèmes de liquidité.
L’Argentine, qui combine aussi récession et inflation galopante, a été classée dès juillet en défaut de paiement partiel par les agences de notation, en raison de son conflit avec des fonds “vautours” autour du paiement de sa dette.
En Amérique latine, l’économie ralentit, seuls les bons élèves résistentEn Amérique latine, l’économie ralentit, seuls les bons élèves résistentMême sévérité à l’égard du Costa Rica de la part de Moody’s, qui a fait passer sa note dans la catégorie spéculative à Ba1: “de nombreuses tentatives, ces dernières années, pour contrer la hausse des déficits budgétaires et de la dette du Costa Rica n’ont pas encore eu d’effet”.
Ce petit pays d’Amérique centrale pourrait être “le signe avant-coureur” des difficultés économiques et budgétaires attendant la région, prédit Susan Kaufman Purcell, directrice d’un centre de recherche de l’université de Miami.
De quoi inciter les gouvernements en place, surtout la gauche qu’incarne notamment la brésilienne Dilma Rousseff, à adopter “des politiques plus conventionnelles” que leur actuelle stratégie interventionniste, moins tenable “quand vous ne roulez pas sur l’or”.