érence de presse le 22 septembre 2014 à Roissy (Photo : Dominique Faget) |
[23/09/2014 04:33:13] Paris (AFP) Le bras de fer chez Air France autour du projet de filiale low cost Transavia se poursuit mardi, avec des aéroports toujours au ralenti pour le neuvième jour de grève des pilotes, qui ont prévu de descendre pour la première fois dans la rue.
Air France prévoit d’assurer à peu près la moitié de ses vols (48%), légèrement plus que la veille. La direction estime à 57% le taux de pilotes grévistes pour cette journée, en baisse par rapport à lundi (65%).
Depuis le 15 septembre, plus de la moitié des avions de la compagnie sont cloués au sol. Il s’agit de la plus longue grève depuis 1998.
Une sortie de crise avait semblé se dessiner lundi. Las, l’annonce faite aux syndicats par le PDG d’Air France-KLM Alexandre de Juniac de suspendre provisoirement le projet d?extension en Europe de Transavia, la filiale à bas coût du groupe aérien n’a pas calmé les pilotes.
Face à cette “ultime proposition” de la direction, les pilotes grévistes ont durci le ton et réclamé la suppression pure et simple du projet Transavia Europe.
Pour le SNPL AF Alpa, majoritaire chez les pilotes, la proposition ne présente aucune garantie contre les risques de “dumping social” à l’intérieur du groupe.
Dans la soirée, M. de Juniac a une nouvelle fois souligné l’enjeu du projet pour le groupe et rappelé qu'”aucune compagnie n’est immortelle”.
“Nous avons proposé aux pilotes de suspendre ce projet jusqu’à la fin de l’année le temps de la discussion, le temps de la négociation”, a déclaré M. de Juniac sur France 2. “Si on ne parvient pas à un dialogue et un accord satisfaisant, on sera obligé d’arrêter”, a-t-il ajouté tout en jugeant “trop tôt” pour parler d’un retrait.
– ‘Passages en force’ –
Le dévelopement à l’échelle continentale du low cost d’AF-KLM inquiète les syndicats, lesquels réclament un contrat unique pour tous les pilotes du groupe, quelle que soit la marque (Air France, Transavia ou Hop!), afin de sécuriser l’emploi en France.
Le SNPL AF Alpa a obtenu lundi le soutien de syndicats représentant les diverses catégories de personnel, unis pour “refuser les passages en force permanents au détriment du dialogue social au sein d’Air France”.
La CGT, très implantée parmi les salariés au sol, s’est jointe à la fronde, aux côtés de l’Unac, l’Unsa et le SNPNC-FO — les trois premières organisations d’hôtesses et stewards — et SUD-aérien, qui n’est pas représentatif.
En revanche la CFDT a déploré “l’intransigeance” des pilotes et souligné “le coût exorbitant” de ce conflit pour la compagnie.
Pour la première fois depuis le début de la grève, les pilotes sont invités à se rassembler, en uniforme, à 14h00 près de l’Assemblée Nationale, à Paris.
Le préavis de grève du SNPL court jusqu’à vendredi 26 tandis que le Spaf, deuxième syndicat de la profession chez AF, a appelé à la mobilisation jusqu’à mercredi.
La direction, qui espérait lancer un nouveau cycle de négociations jeudi à l’occasion du prochain Comité central d’entreprise (CCE), a reçu pour sa part le soutien de l’Etat, actionnaire à hauteur de près de 16%, par la voix du Premier Ministre, qui a appelé à la fin du conflit.
“J’en appelle à la responsabilité de chacun, et notamment des pilotes”, a déclaré Manuel Valls lundi lors d’un déplacement en Allemagne. “Il faut que cette grève s’arrête le plus vite possible”, a-t-il plaidé, soulignant les risques que le mouvement faisait peser sur les comptes de la compagnie.
La grève “génère des pertes d’exploitation pouvant aller jusqu’à 20 millions d’euros par jour”, d’après AF-KLM.
Le Syndicat national des agences de voyage (Snav) a par ailleurs évalué à près de cinq millions d’euros les coûts supplémentaires entraînés par la suspension de plus de la moitié du trafic d’Air France lors de la première semaine de grève. Et “le moment venu, le Snav demandera à Air France de compenser cette perte”, a-t-il prévenu.