ée nationale à Paris (Photo : Eric Feferberg) |
[24/09/2014 04:44:43] Paris (AFP) Les pilotes d’Air France entament mercredi leur dixième jour de grève, égalant un record vieux de seize ans, dans un contexte de crispation persistante autour du projet de la filiale low cost Transavia.
Au lendemain d’un rassemblement qui a réuni entre 200 et 300 pilotes de ligne à Paris, une contre-manifestation est organisée à 12h00 à Roissy pour soutenir la direction contre ces professionnels du ciel en grève.
A quelques mois des élections professionnelles de mars 2015, les dissensions entre les différentes catégories du personnel d’Air France n’ébranlent pas la détermination des syndicats de pilotes, décidés à enterrer définitivement la filiale à bas coût Transavia Europe.
Dans les aéroports, le statu quo se traduit une nouvelle fois par l’annulation de la moitié des vols. Air France prévoit d’assurer 46% des siens, sensiblement comme mardi (48%).
La situation s’est encore un peu plus détériorée à Nice, où seulement douze vols sur trente (80% d’annulation) ont été maintenus pour la journée de mercredi.
érence de presse, le 22 septembre 2014 à Paris (Photo : Stéphane de Sakutin) |
Au niveau national, le taux de grévistes devrait baisser à 52%, après 65% lundi et 57% mardi, selon la compagnie, qui recommande à ses clients ayant réservé un vol d’ici au 30 septembre de reporter leur voyage ou de changer leur billet sans frais.
Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire dans la profession et héraut de la contestation, a étendu son préavis de grève jusqu’à cette date. Ceux du Spaf, deuxième syndicat, et d’Alter (non représentatif) courent jusqu’à vendredi.
– “Plan médias” –
Or, le dialogue semble rompu entre les syndicats qui réclament la suppression du projet Transavia Europe et la direction qui a décidé lundi de geler le développement de celle-ci jusqu’à la fin de l’année afin de rouvrir les négociations.
“Depuis vendredi on n’a pas eu de réunion de discussion avec Air France”, s’est plaint mardi Jean-Louis Barber, président du SNPL AF Alpa. “La direction a pris plus de temps le week-end dernier pour construire son plan médias que pour dialoguer avec nous”, a-t-il regretté auprès de l’AFP.
“Les négociations ne sont pas rompues, notre porte est ouverte”, a rétorqué le PDG de la compagnie, Alexandre de Juniac, insistant sur le fait que les propositions formulées par la direction “sont jugées très positives par les pouvoirs publics”.
L’Etat, actionnaire d’Air France à hauteur de près de 16%, s’est en effet porté au secours de la direction, à l’entame de la deuxième semaine d’un conflit qui coûte entre 15 et 20 millions d’euros par jour, selon la compagnie.
Le Premier ministre Manuel Valls a stigmatisé une grève qui n’a “aucune raison” et qui “représente un vrai danger pour la compagnie” aérienne.
Plus nuancé, le secrétaire d?État aux Transports Alain Vidalies a salué l’arrêt du projet Transavia Europe, qui “méritait d’être écarté du débat”, appelant de ses v?ux un nouveau cycle de négociations autour du développement de Transavia France.
Les inquiétudes des syndicats se cristallisent autour d’une compagnie à bas coût paneuropéenne qui imposerait à ses pilotes des contrats de statut local, soulevant un risque de “dumping social”, selon eux.
Leur mouvement social, qui cloue au sol plus de la moitié des avions depuis le 15 septembre, a égalé le record du plus long conflit mené par les pilotes d’Air France. En juin 1998, ces derniers protestaient contre le projet du PDG Jean-Cyril Spinetta de réduire de 500 millions de francs la masse salariale annuelle des pilotes grâce à un échange salaire contre actions.