Avec le “Make in India”, Modi promet de faciliter la vie des géants de l’industrie

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à New Delhi (Photo : Raveendran)

[25/09/2014 10:08:36] New Delhi (AFP) Le Premier ministre indien Narendra Modi a promu jeudi devant un parterre de patrons de géants industriels le “Make in India”, pour convaincre les investisseurs qui lui reprochent la lourdeur de sa bureaucratie et la complexité de sa fiscalité.

Le Premier ministre, qui a fondé sa campagne électorale sur la relance la croissance indienne, veut convaincre de la pertinence de l’Inde comme plateforme industrielle, la troisième économie d’Asie ayant été éclipsée par l’omniprésence de l’industrie chinoise.

“Nous n’avons pas besoin d’inviter le monde entier en Inde, ils sont prêts à venir. Nous devons simplement leur donner notre adresse”, a dit le Premier ministre en lançant sa campagne.

“L’Inde est le seul pays dans le monde qui dispose de la force de la démocratie, du dividende démographique et de la demande”, a-t-il ajouté.

Parmi ses premières décisions depuis son arrivée au pouvoir en mai, le nouvel exécutif a assoupli les seuils d’investissements pour un groupe étranger dans certains secteurs (défense, assurance).

Mais la lourdeur des démarches administratives et de la réglementation freinent de nombreux groupes, tout comme la complexité de la fiscalité.

Modi s’est déclaré “peiné” d’entendre les récits d’entreprises décidant d’abandonner l’Inde en raison de la perte de confiance envers son administration et de la lourdeur de la fiscalité.

“J’ai demandé à mon équipe : +pourquoi les formulaires sont si longs?+ Et il n’y a pas de raison”, a-t-il dit devant une assemblée de grands patrons, dont l’homme le plus riche du pays Mukesh Ambani, qui dirige Reliance Industries.

Il existe un “immense potentiel inexploité” pour l’industrie en Inde, a estimé Nirmala Sitharaman, ministre du Commerce.

“Nous voulons faire de l’Inde une destination mondiale pour la production industrielle”, a-t-elle ajouté, voulant porter la part de l’industrie dans le PIB de 15% à 25%.

La Banque mondiale a récemment classé l’Inde au 134ème rang mondiale sur 189 pour la facilité de faire des affaires, la Chine arrivant au 96ème rang.

Le groupe Vodafone bataille ainsi sur un contentieux fiscal de 2,4 milliards de dollars en Inde tandis que Nokia a vu l’une de ses usines saisies dans le cadre d’un autre différend fiscal.

Le gouvernement a par ailleurs fermé la porte aux investissements étrangers dans la grande distribution, entraînant le départ de Wal-Mart et Carrefour.

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à New Delhi (Photo : Raveendran)

Pour Kenichi Ayukawa, patron du constructeur automobile Maruti Suzuki, l’Inde a le potentiel pour devenir une destination de choix.

Mais, dit-il, “les coûts de production en Inde sont renchéris par différentes réglementations, procédures et la façon dont les lois sont appliquées”, a-t-il déclaré.

– Guichet unique –

Concrètement, le gouvernement a annoncé la mise en place, au travers de la structure Invest India, d’un “point de référence” pour aider les investisseurs étrangers sur tous les aspects réglementaires.

Un nouveau site, www.makeinindia.com, est également crée pour répondre aux interrogations des entreprises concernant leurs investissements. Le gouvernement a également identifié 25 secteurs, dont l’automobile et la construction, ayant un potentiel de développement.

Cette campagne intervient à la veille du départ de M. Modi pour les Etats-Unis où il doit rencontrer en particulier les patrons de Google et PepsciCo pour les inciter à investir.

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à New Delhi, le 25 septembre 2014, devant un parterre de patrons de géants industriels (Photo : Raveendran)

“L’Inde peut devenir une alternative à la Chine pour les industriels mondiaux”, estime Anjan Roy, économiste indépendant basé à New Delhi. “Nous avons un grand marché intérieur qui est largement alimenté par les importations”.

“L’industrie manufacturière est à la traine depuis longtemps, la croissance dans ce secteur a été marginale et parfois même négative. Aussi cette impulsion donnée par Modi est bienvenue”, a-t-il ajouté.

La Banque asiatique de développement a estimé jeudi que l’économie indienne montrait des signes de “redressement”, prévoyant une croissance de 6,3% l’an prochain, après deux ans sous les 5%.

Site du projet “Make in India”