Chez Renault, métamorphose pour relancer l’odyssée de l’Espace

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issue du conseil des ministres. (Photo : Pierre Guillaud)

[25/09/2014 15:51:56] Paris (AFP) Plus haut sur roues, plus agressif dans son style: le Renault Espace, en perte de vitesse ces dernières années, se métamorphose pour s’attaquer aux “crossovers”, rare segment en forte croissance au sein du marché automobile européen.

Une semaine avant sa première apparition publique au Mondial de l’automobile à Paris, la marque au losange a levé le voile jeudi sur ce véhicule qui coiffera sa gamme et transportera jusqu’à sept personnes, comme les quatre générations d’Espace qui se sont succédé depuis 30 ans.

Roues de grand diamètre, carrosserie surélevée mais aux lignes fuyantes avec une surface vitrée plus réduite, le style du nouvel Espace, qui reprend celui du concept-car “Initiale Paris” montré au salon de Francfort il y a un an, l’apparente à un “crossover”, à la silhouette de 4×4 mais sans les capacités de franchissement.

L’évolution de l’Espace est d’autant plus notable que le modèle est considéré comme le pionnier en Europe du segment des monospaces, qui a essaimé ensuite vers le milieu et l’entrée de gamme. Mais cette catégorie des voitures a vu ces dernières années son succès contesté par les “crossovers”.

Josselin Chabert, du groupe d’experts PwC, rappelle que le segment des “crossovers” connaît actuellement une “explosion” en Europe, devant selon lui passer de 350.000 unités en 2007 à 3,1 millions à l’horizon 2020, soit un sixième du marché. Deux “crossovers”, le Renault Captur et la Peugeot 2008, figurent déjà dans les dix voitures les plus vendues en France.

“Ces +crossovers+ viennent concurrencer à la fois les berlines, les monospaces, et les SUV” (4×4 ndlr), souligne M. Chabert. “Ils sont placés à une intersection de variables qui plaît énormément au public”.

“C’est vrai que le segment du +crossover+ est un segment en croissance sur tous les marchés européens. C’est une opportunité pour tous les constructeurs parce que ces segments ne sont pas tellement nombreux” dans un marché convalescent depuis un an, renchérit Philippe Jourdan, expert chez Promise Consulting.

Mais transformer l’Espace en “crossover” représente, selon lui, un pari pour Renault alors que depuis 30 ans, le modèle a construit son image sur la modularité de l’intérieur. “L’habitabilité va être un élément extrêmement important”.

– Concurrence féroce –

“La qualité des finitions et le niveau d’équipement” seront également primordiaux dans une catégorie où les constructeurs allemands “ont placé la barre assez haut”, rappelle-t-il.

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ésentation des résultats du groupe à Boulogne-Billancourt le 13 février 2014 (Photo : Eric Piermont)

“C’est un segment de marché qui est très profitable, et ce serait difficilement tenable dans la durée pour un constructeur généraliste comme Renault d’en être absent”, observe pour sa part Méissa Tall, du groupe de consultants Kurt Salmon.

Bémol de Yann Lacroix, de l’assureur Euler Hermes: si Renault, pionnier des monospaces avec l’Espace puis le plus petit Scénic, avait pu au début dégager “des marges excellentes”, ce ne sera pas le cas sur les “crossovers” où “tout le monde vient” tenter de prendre des parts de marché, note-t-il.

Ce produit de conquête “va se retrouver sur un marché où il y a déjà des modèles existants, et la question va être le prix”, relève M. Lacroix.

Renault n’a donné aucun détail dans l’immédiat sur les tarifs ni même les motorisations.

– Un âge d’or révolu –

L’Espace, originellement une idée de Matra refusée par Peugeot, avait fait figure d’ovni à ses débuts dans le paysage automobile et ses ventes avaient peiné à décoller, avant de connaître le succès. Il s’est écoulé à 1,3 million d’exemplaires en trois décennies et a été imité par la plupart des constructeurs généralistes européens.

Mais l’âge d’or de la catégorie des grands monospaces semble révolu, les acheteurs s’étant orientés, avant même l’irruption des “crossovers”, vers des modèles moins encombrants et plus abordables.

Signe de ce repli, l’Espace n’avait pas été renouvelé depuis 2002. La quatrième génération s’est vendue moitié moins en moyenne annuelle qu’au faîte de la popularité du modèle dans les années 1990.