Ford cale en Europe et dégringole en Bourse

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Logo de Ford (Photo : Justin Sullivan)

[29/09/2014 22:30:12] New York (AFP) Le constructeur automobile Ford a abaissé lundi ses prévisions de bénéfice annuel, rattrapé par les difficultés rencontrées en Europe où il perd de l’argent depuis 2010.

Contre toute attente, le deuxième groupe automobile américain a abaissé de 1 milliard de dollars son objectif de gains annuels.

Il s’attend désormais pour l’ensemble de l’année à un bénéfice avant impôts à 6 milliards de dollars contre une fourchette de 7 à 8 milliards de dollars auparavant, selon une présentation faite aux analystes dans son quartier général de Dearborn (Michigan, Est).

L’an dernier, Ford a réalisé un bénéfice avant impôts de 8,57 milliards de dollars pour un chiffre d’affaires de 146,9 milliards de dollars.

A Wall Street, l’action a aussitôt dégringolé pour finir la séance à 15,11 dollars (-7,47%). Le recul s’est poursuivi dans les échanges électroniques suivant la clôture (-0,86%).

Le pessimisme de Ford est dû à une conjonction de vents contraires: un coût plus élevé que prévu des rappels de véhicules et des pertes importantes en Europe, a expliqué le groupe de Mark Fields, qui a pris les rênes en juillet.

– 1,2 md de pertes en Europe –

Ford va enregistrer sur le Vieux Continent une perte de 1,2 milliard de dollars avant impôts cette année. Il espère la réduire en 2015, à 250 millions de dollars. L’an dernier, Ford a perdu 1,6 milliard de dollars en Europe, sa troisième perte annuelle consécutive.

C’est un coup dur pour le constructeur automobile qui avait réussi à renouer avec les profits en Europe au deuxième trimestre, en dégageant un bénéfice de 14 millions de dollars.

Il faut dire que même si le directeur financier Bob Shanks avait prévenu dans un entretien à l’AFP en juillet que le groupe allait essuyer une “grosse perte” au second semestre, marchés et investisseurs espéraient une bonne surprise.

Ford y paie une hausse de ses coûts et des dépenses liés à son programme de restructuration baptisé “One Ford”. Celui-ci vise à réduire la voilure tout en lançant de nouveaux modèles.

Le constructeur automobile y lance la berline Mondeo, produite en Espagne, la nouvelle génération de Ford Mustang et un 4X4 de ville (SUV), la Ford Edge.

Ford est en train de fermer son site historique de Genk en Belgique qui emploie 4.300 personnes. La facture des indemnités de licenciement devrait s’élever aux alentours de 750 millions de dollars, selon un document boursier remontant en 2013.

Comme d’autres groupes automobile, Ford est également touché par la chute du rouble et des difficultés de l’économie russe.

Après un léger recul en 2013, les ventes de véhicules se sont effondrées cette année en Russie. En juillet, le mouvement s’est encore accentué avec un plongeon de 23% sur un an.

Ford est particulièrement touché puisque ses ventes ont chuté de 52% en juillet par rapport au même mois en 2013.

La facture des rappels de véhicules sera aussi lourde.

Ses comptes annuels seront amputés par exemple de 500 millions de dollars du fait du rappel la semaine dernière de plus de 850.000 véhicules, dont la Fusion et l’Escape, pour un défaut des systèmes électroniques susceptible d’affecter le fonctionnement des airbags en cas d’accident.

Le groupe automobile, seul constructeur américain à avoir échappé à la faillite en 2009, reste confiant en l’Asie et notamment la Chine, le premier marché automobile mondial.

Il s’attend à y réaliser un bénéfice de 700 millions de dollars avant impôts.

Même s’il est encore bien derrière les rivaux Volkswagen et General Motors, le deuxième groupe automobile américain veut introduire en Asie d’ici 2015 pas moins de 15 nouveaux modèles, dont sa marque de luxe Lincoln et son emblématique Mustang.

En Amérique du nord, les marges 2014 devraient se situer dans le bas de la fourchette de 8 à 9% annoncée précédemment.

Pour 2015, Ford se veut davantage optimiste. Il prévoit un bénéfice annuel avant impôts compris entre 8,5 et 9,5 milliards de dollars.

Mais cette projection repose pour beaucoup sur un redressement de l’Amérique du sud où il va perdre 1 milliard de dollars cette année.