Deux femmes assises (Photo : Eric Piermont) |
[01/10/2014 07:11:30] Paris (AFP) Si l’envie d’entreprendre est également partagée entre hommes et femmes, ces dernières restent moins nombreuses à créer des entreprises pérennes. Mais la situation évolue, notamment grâce aux réseaux d’accompagnement qui veulent leur donner les moyens de leurs ambitions.
A 37 ans, Cécile Roederer se dit “piquée” depuis longtemps par “le virus de l’entrepreneuriat”. Pourtant, elle a attendu de se forger une expérience professionnelle auprès de grands groupes pour lancer en 2008 son concept, “Smallable”, un grand magasin online qui regroupe 350 marques chinées, pour les 0-16 ans.
“L’idée est venue, puis je me suis donné le temps de bien étudier le marché”, raconte-t-elle à l’AFP.
Une des clés du succès, selon elle: “Savoir bien s’entourer au départ et parler du projet autour de soi pour avoir un business-plan qui tienne la route”.
La start-up, débutée dans son appartement avec l’aide d’une stagiaire, occupe aujourd’hui de beaux locaux dans le 11e arrondissement à Paris, emploie 27 personnes et dégage un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros. Et Cécile Roederer entend bien faire grandir encore son bébé.
Pourtant, le chemin a été semé d’embûches. “Créer une boîte, c’est un sacerdoce, il faut l’avoir bien en tête”, dit-elle.
Mercredi, d’autres créatrices vont partager leurs expériences au salon des micro-entreprises à Paris, placé pour la journée sous le signe de l’entrepreneuriat au féminin.
L’occasion de mettre en lumière “les nombreux dispositifs d’accompagnement que les femmes ont à leur service, indispensables pour réussir sa création”, estime Viviane de Beaufort, professeur à l’Essec, qui dirige le programme “entreprendre au féminin”.
Car, alors qu’elles sont aussi nombreuses que les hommes à déclarer vouloir créer leur entreprise, les femmes ne représentent que 30% des créateurs en France.
“Ce chiffre est en fait au-dessus de la moyenne européenne, mais il masque des statistiques plus inquiétantes”, souligne Mme de Beaufort.
– Aversion pour le risque –
En effet, seules 10% environ vont passer le stade fatidique des trois ans d’existence. “Ces abandons ou échecs s’expliquent par le fait que bien souvent, les femmes ne se donnent pas les moyens de leurs ambitions”, selon Mme de Beaufort. “Parce qu’elles manquent souvent de confiance en elles, elles ne s’entourent pas assez, alors que les hommes ont davantage le sens du réseau”, décrit-elle.
Un autre frein serait l’accès au financement: “En raison d’une certaine aversion pour le risque, les femmes démarrent souvent avec un capital trop faible, qui ne leur permettra pas de se développer”. “Il existe en France de nombreux fonds spécifiques pour les femmes, mais elles l’ignorent”, ajoute-t-elle.
Le gouvernement, qui s’est fixé l’objectif de faire progresser de 10 points le taux de femmes entrepreneurs, pour atteindre 40% d’ici 2017, souhaite notamment leur faciliter l’accès aux financements et aux structures d’accompagnement.
L’une d’elles, Paris Pionnières, est dédiée aux créatrices ayant un projet dans un service innovant, susceptible de déboucher sur des emplois durables. De la rédaction des statuts à la recherche de financements, l’incubateur accompagne les femmes sélectionnées dans toutes les étapes de la création.
Résultat: “85% des entreprises que nous soutenons existent encore au bout de cinq ans”, plaide Christine Roqueplo, déléguée générale de Paris Pionnières.
Selon elle, cet accompagnement est d’autant plus crucial que “l’envie d’entreprendre est croissant dans la société” et apparaît de plus en plus tôt. A la sortie de ses études, il y a quelques mois, Charlotte Escande, 25 ans, a ainsi lancé avec deux amies “My couture corner”, un site de location de robes de créateurs. “Le concept cartonne aux Etats-Unis”, s’enthousiasme-t-elle. Si elle reconnaît que le milieu de la création d’entreprise reste “très masculin”, elle s’estime “tout autant légitime”. “Il y a de la place pour tout le monde (…) On est même peut-être plus créatrices!”, aime-t-elle à croire.