La dette française à 145% du PIB en 2040 si la croissance n’accélère pas

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euros (Photo : Eric Piermont)

[01/10/2014 08:06:41] Paris (AFP) Le Conseil d’analyse économique (CAE) a publié mercredi une série de recommandations pour accélérer la croissance en France, sous peine de voir exploser la dette et de menacer la protection sociale.

Si la France ne parvient pas d’ici 2040 à faire mieux qu’une croissance de 1% par an, ce qui est l’hypothèse retenue par le gouvernement pour 2015, sa dette pèserait en 2040 plus de 145% du Produit intérieur brut et le déficit public avoisinerait les 9%, prévient cet organisme chargé de conseiller le Premier ministre, dans une note de recherche.

La note est signée par trois économistes: Patrick Artus, Cecilia Garcia-Penalosa et Pierre Mohnen.

Dans ce scénario noir, le besoin de financement des régimes de retraite publics augmenterait fortement, d’un montant se situant entre 2 et 2,5 points de PIB, et il faudrait “ponctionner le pouvoir d’achat des actifs ou bien réduire très sévèrement le niveau des retraites”.

Et la situation pourrait être encore pire si les taux d’emprunt de la France, actuellement très bas, venaient à flamber, prévient le CAE.

Ce scénario noir “peut être jugé pessimiste” mais “ne saurait être totalement écarté”, selon les trois auteurs.

Si en revanche la France arrive à afficher jusqu’en 2040 une croissance de 1,6% par an, le déficit public disparaîtrait et le ratio d’endettement, actuellement de 95% du PIB, serait diminué de moitié, selon le CAE.

D’où la nécessité de “redresser la croissance potentielle de la France” selon les économistes, qui font part de leur “inquiétude” face au “caractère quasi général de l’affaiblissement des gains de productivité à travers les secteurs d’activité”, et donnent quelques pistes.

Selon eux, la France devrait renforcer l’adéquation entre les formations et les besoins des entreprises, encourager les filières professionnelles, ou encore favoriser la reconversion professionnelle et la reprise d’étude après 25 ans.

Ils suggèrent en outre d'”aligner la durée maximale d’indemnisation du chômage des plus de 50 ans” sur celle du reste de la population, pour corriger une “véritable singularité française”, à savoir le faible taux d’activité des plus jeunes et des plus âgés.

Les auteurs recommandent aussi d’améliorer l’efficacité du Crédit impôt recherche, dispositif d’aide à l’innovation, de s’interroger sur la faible rentabilité du capital-risque en France, ou encore “d’adapter la réglementation des secteurs non manufacturiers”, notamment “les réseaux de transport et certains professions libérales”, pour comprimer “le prix élevé des services intermédiaires”, handicapant pour les industriels.