Premiers pas en Bourse décevants pour Zalando

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été accueilli fraîchement à la Bourse de Francfort (Photo : Daniel Roland)

[01/10/2014 20:23:40] Berlin (AFP) Dix jours après l’euphorie suscitée par les débuts du chinois Alibaba à Wall Street, le challenger allemand du commerce en ligne Zalando a été accueilli fraîchement à la Bourse de Francfort mercredi.

Ses premiers pas décevants sur le marché sonnent comme un avertissement pour son grand frère Rocket Internet. L’incubateur de start-ups, financé par les mêmes actionnaires, est attendu jeudi pour son propre baptême boursier.

Pour Zalando, ni le raz-de-marée Alibaba, ni son statut d’étoile montante du commerce en ligne allemand n’ont suffi à lui assurer les faveurs des salles de marché. Le site a toutefois rempli ses objectifs, en levant 605 millions d’euros.

L’action a débuté à 24,10 euros, 12% au-dessus du prix d’émission fixé lundi. Mais elle a immédiatement décroché, et a terminé la séance à 21,50 euros, soit exactement le prix d’émission.

“C’est naturellement décevant. (…) Il y a beaucoup plus de voix critiques (chez les investisseurs) que ce qu’on aurait pu attendre”, résume pour l’AFP Oliver Roth, analyste du courtier Close Brothers Seydler.

L’activité de Zalando sur le marché gris, où se négocie fictivement un titre avant sa cotation réelle, suggérait un potentiel de hausse à 27 ou 28 euros dès le premier jour, selon plusieurs analystes.

Créé en 2008 à Berlin, Zalando a séduit l’Europe grâce à un concept simplissime. Dans désormais 15 pays, les clients peuvent s’offrir en quelques clics les vêtements, sacs et accessoires de quelques 1.500 marques. Le pantalon commandé est trop grand, les chaussures moins séduisantes que sur la photo ? Retour gratuit à l’envoyeur et remboursement immédiat.

Si les clients en redemandent, les investisseurs restent eux plus circonspects. “D’abord, parce que Zalando ne gagne pas encore d’argent. Ensuite, parce qu’ils ont un facteur coût important, à cause de ces retours”, explique Oliver Roth.

– Inquiétant pour Rocket Internet –

Avant de se lancer sur le marché, l’allemand avait pourtant présenté en grande pompe fin août un premier bénéfice d’exploitation semestriel, de 12 millions d’euros.

“Zalando maîtrise de mieux en mieux son socle de croissance”, mais il “devra tirer les leçons des mésaventures de son concurrent britannique Asos”, pointe Christopher Dembik, économiste chez Saxo Banque.

Basé sur le même modèle, Asos enchaîne les avertissements sur résultats et son titre a lâché presque 70% depuis le début de l’année. La faute à la concurrence très rude dans le e-commerce, qui implique de commander des collections très à l’avance, avec le risque de devoir en solder une bonne partie.

Les craintes portent aussi sur ses actionnaires, les fameux frères Samwer, stars du web allemand qui ne comptent pas que des admirateurs.

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La bourse de Francfort lors du lancement en Bourse du distributeur en ligne allemand, Zalando, le 1er octobre 2014 (Photo : Daniel Roland)

“Ils ne sont pas connus pour gagner de l’argent grâce à des stratégies de long terme, mais plutôt pour emmener des entreprises assez haut avant de les revendre”, reprend Oliver Roth.

Au capital de Zalando depuis les débuts, la fratrie est également aux commandes de Rocket Internet, éleveur de start-ups qui va entrer en Bourse jeudi. Rocket Internet va lever au moins 1,4 milliard d’euros, se valorisant au passage plus que Lufthansa, première compagnie aérienne d’Europe.

Le prix d’émission de l’action a été fixé à 42,50 euros, extrémité haute de la fourchette de l’offre, selon un communiqué mercredi soir.

Mais selon Oliver Roth, si Zalando n’a pas réussi à surfer sur la vague Alibaba, “ce sera encore plus dur pour Rocket Internet”.

“Les entreprises des Samwer ont tendance à être surévaluées”, abonde Joel Kaczmarek, auteur d’un livre sur les frères, “Les parrains de l’internet”.

Les premiers pas boursiers de ces deux valeurs internet ont pourtant valeur de symbole en Allemagne.

Les acteurs du web n’osaient plus se financer sur les marchés depuis l’éclatement de la bulle Internet au début des années 2000. Mais plusieurs jeunes pousses allemandes comptent désormais marcher dans les traces de la galaxie des Samwer, comme la plate-forme de livraison de repas Delivery Hero, ou le vendeur de lunettes en ligne Mister Spex.