Parlement européen : Pierre Moscovici doit convaincre les députés

ee25d11b82295f36b6dbd4136c1771185bc3db7a.jpg
ée nationale à Paris (Photo : Patrick Kovarik)

[02/10/2014 05:13:35] Bruxelles (AFP) Le Français Pierre Moscovici doit convaincre jeudi qu’il est capable de juger l’état des finances françaises avec neutralité, lors de son audition au Parlement européen au lendemain de la présentation à Paris d’un budget entérinant un nouveau dérapage des finances publiques.

“S’il est trop indulgent avec la France, il perd toute crédibilité pour les cinq ans à venir”, souligne-t-on dans son entourage, bien conscient qu’il risque d’être bombardé de questions sur ce sujet. Le grand oral de l’ancien ministre des Finances débute à 09H00 (07H00 GMT).

Désigné en septembre pour devenir le prochain commissaire européen en charge des Affaires économiques et de la fiscalité, M. Moscovici n’a pas droit à l’erreur.

Un socialiste va devenir le garant des règles budgétaires européennes, pour succéder au libéral et très orthodoxe Olli Rehn. Une hérésie pour ses détracteurs, particulièrement en Allemagne, qui se demandent comment le représentant d’un pays abonné aux dérapages budgétaires peut endosser ce rôle crucial.

“En tant que ministre, il n’a rien fait pour respecter le pacte de stabilité, il a laissé filer le déficit. Il connaît bien l’UE (…), il est compétent, mais pas pour ce poste”, estime le député conservateur allemand, Herbert Reul. “Il va devoir contrôler le budget français. Pour un ancien ministre des Finances, le conflit d’intérêts est évident”, pointe le député Vert allemand, Sven Giegold.

Pour le Français Alain Lamassoure (PPE, droite), M. Moscovici va “beaucoup souffrir” à ce poste, car “pour asseoir sa crédibilité, il va devoir se montrer sévère avec son pays d’origine”.

– Au pied du mur –

Répondant par avance aux critiques, M. Moscovici a promis qu’il ne serait pas “l’ambassadeur de la France à Bruxelles” mais le “défenseur de l’intérêt général européen”. Pour déminer le terrain, il a multiplié ces dernières semaines les rendez-vous au sein des institutions européennes et les rencontres avec les députés.

Grâce à lui, “peut-être nos amis français comprendront mieux le fond, la justification et la nécessité des politiques de consolidation et de croissance que nous devons mettre en place”, avait souligné Jean-Claude Juncker, le président-élu de la Commission, lors de l’annonce de la composition de son équipe.

Mais pour les socialistes, la nomination de M. Moscovici est une occasion de “tourner la page de l’austérité” et de donner une nouvelle orientation au Pacte de stabilité, le carcan budgétaire européen, que la France et l’Italie aimeraient voir assoupli pour favoriser la croissance.

S’il est confirmé à son poste, M. Moscovici sera rapidement au pied du mur: dès début novembre, il présentera les prévisions économiques de la Commission et délivrera son premier diagnostic sur l’état de l’économie française. Le projet de budget français prévoit l’an prochain un déficit public à 4,3% du PIB après 4,4% cette année, bien loin des 3% auxquels Paris s’était engagé pour 2015 après avoir obtenu un délai de grâce.

Parmi les autres auditions prévues jeudi, figurent aussi celles de l’Irlandais Phil Hogan (Agriculture) et de la Danoise Margrethe Vestager (Concurrence).