Auvergne, le 2 octobre 2014 (Photo : Thierry Zoccolan) |
[02/10/2014 10:55:05] Cournon (France) (AFP) Le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll a cherché jeudi à rassurer les éleveurs inquiets des contraintes et de la baisse des cours en annonçant des aides ponctuelles et son soutien total à l’exportation.
“Qu’est ce que vous faites! on crève!”, lui a lancé un éleveur de Salers rousses, “les prix baissent, on va pas tenir longtemps”.
Malgré l’exaspération et les propos peu amènes échangés dans les travées du Sommet de l’élevage à Cournon, la visite s’est déroulée sans incidents. Devant les professionnels, Stéphane le Foll a répété à plusieurs reprises que les prix, c’est pas lui.
Dans un contexte européen plombé par l’embargo russe, qui renvoie les principaux fournisseurs de Moscou – la Pologne et l’Allemagne – sur le marché communautaire, les éleveurs français sont à la peine: “il nous manque 50 centimes par kilo”, explique Henri Vidal, président du groupement Races de France et éleveur de charolais.
En réponse, le ministre promet d’accompagner “les éleveurs fragilisés financièrement par cette conjoncture défavorable”. Et, comme pour les producteurs de fruits et légumes, il va “étudier les situations difficiles au cas par cas”, en octroyant des reports de cotisations sociales “dans les cas les plus fragiles”.
Quant aux prix, il propose que “chacun prenne ses responsabilités”: appel à la grande distribution pour qu’elle en finisse avec “la guerre des prix” et valorise enfin l’étiquette “viande de France”. Appel aussi à la restauration collective qui se fournit aux deux tiers en viandes étrangères sur le seul critère du prix bas.
“Il y a d’énormes progrès à faire. Vous en appelez aux élus, je vais aussi les mobiliser”, a-t-il lancé.
La FNSEA, principal syndicat agricole, veut “enquêter” dans les cantines publiques et publier les résultats, auprès des parents notamment: “que ceux qui subissent les licenciements dans l’agroalimentaire sachent ce que mangent leurs enfants à l’extérieur”, a prévenu la vice-présidente Christiane Lambert.
– “Zones vulnérables” –
Stéphane Le Foll a également cherché l’apaisement sur un des sujets de friction majeurs du moment, en promettant de “se battre” auprès de la Commission européenne pour obtenir un aménagement du règlement sur les nitrates dans l’eau, qui soulève la colère en particulier dans le Massif Central.
Le dernier découpage ajoute près de 4.000 communes et 63.000 exploitations aux “zones vulnérables”.
“Une nouvelle commission va arriver: on va renégocier” a promis le ministre qui entend revoir notamment les conditions de stockage des effluents d’élevage, coûteuses et contestées.
“Je vais me battre avec la Commission sur le stockage et l’épandage”, a-t-il promis. Par ailleurs, une consultation a été lancée par les préfets de bassin pour “faire remonter des propositions” en vue de “finaliser un zonage d’ici la fin de l’année”, a-t-il confié au quotidien La Montagne.
Le sujet “mérite un débat scientifique. On le mènera”.
Mais l’autre levier d’action, insiste Le Foll, c’est l’export: à ce titre, il a annoncé la levée des tests de dépistage de l’ESB, l’encéphalite spongiforme bovine ou maladie de la vache folle, sur les animaux nés après le 1er janvier 2002. L’arrêté ministériel doit être publié “dans les prochains jours”, selon son entourage.
“C’est un gain de compétitivité pour la filière et une preuve que nous pourrons donner, à l’international, de la situation sanitaire de notre pays”, a fait valoir le ministre.
Le dépistage de l’ESB avait été rendu obligatoire en 2001, en pleine épidémie. Mais il est considéré aujourd’hui comme un frein à l’export que le ministre veut encourager.
“Toutes les opportunités doivent être saisies”, a-t-il lancé. Lui-même se rendra en Sicile “dans 15 jours, pour discuter avec les ministres italiens, espagnols, tunisiens et algériens des sujets relatifs à l’export”.
“J’irai en Algérie et en Tunisie bientôt, je retournerai en Turquie si nécessaire. Je continuerai à me déplacer autant qu’il le faudra”.
Des délégations du pourtour méditerranéen sont justement présentes à Cournon pour visiter des élevages d’Auvergne et prendre des contacts à l’initiative d’Interbev, l’Interprofession bétail et viandes.