Standard&Poors vient de classer le secteur bancaire de la Tunisie (ce n’est pas la Tunisie qui est notée) dans le groupe “8”, sur une échelle de 1 à 10, dans une récente évaluation des risques du secteur bancaire par pays (Banking Industry Country Risk Assessment (BICRA).
Le groupe “1” représente les risques économiques et industriels les plus faibles. Les autres pays dans le groupe “8” sont le Kazakhstan, le Nigeria, le Liban et la Géorgie.
L’agence de notation utilise ses scores du risque économique et du risque industriel dans l’attribution d’une note bancaire. Pour les banques opérant uniquement en Tunisie, la note SP est inchangée à “bb-“.
Selon SP, “les banques en Tunisie font face à une vive concurrence dans une industrie fragmentée. Ces banques “opèrent dans un marché fragmenté et très concurrentiel. Nous ne prévoyons pas de changements importants dans le paysage concurrentiel dans les trimestres à venir, parce que nous comprenons que la consolidation du secteur bancaire, via la fusion des banques publiques, ne soit pas dans l’agenda du gouvernement”, lit-on dans l’évaluation du risque du secteur bancaire tunisien, publiée le 1er octobre sur le site web de S&P.
L’agence de notation estime que les dépôts de la clientèle sont insuffisants pour refinancer les prêts bancaires et que la qualité des actifs est faible, et l’économie tunisienne en général est relativement diversifiée.
Par ailleurs, les analystes de S&P reconnaissent qu’au cours des trois dernières années, la performance et la qualité des actifs des banques tunisiennes ont souffert de la combinaison de l’instabilité post-révolution et du ralentissement des économies européennes.
Cependant, l’agence souligne qu’elle anticipe une légère reprise économique en 2014, avec une croissance du PIB de 2,8% en raison de la baisse des investissements publics, et des performances modérées des exportations, de l’agriculture et du tourisme.
Standard&Poors prévoit, par ailleurs, une croissance nominale des prêts d’environ 8% au cours des prochains 12-18 mois, reflétant une faible reprise économique et une pression sur la liquidité des banques.
Elle prévoit aussi “une stabilisation des prêts improductifs à environ 15% du total des prêts du système bancaire”. La qualité des actifs pourrait s’améliorer en 2015, si les autorités créent la Société de Gestion d’Actifs (AMC). Les indicateurs de qualité des actifs pourraient toutefois retomber à leurs niveaux de 2002 si l’environnement politique se détériorait après les élections, estime l’agence de notation.
La réglementation et la supervision bancaire restent plus faibles que les normes internationales, selon SP qui reconnaît, toutefois, “les efforts de la Banque centrale de Tunisie (BCT, non notée) visant à renforcer le cadre réglementaire au cours des dernières années”.
Les banques tunisiennes présentent une tendance modérée à la prise de risque et n’utilisent pas de produits financiers complexes.
Les dépôts stables de la clientèle constituent la principale source de financement des banques tunisiennes. Cependant, ils sont insuffisants pour financer le portefeuille et la croissance des prêts du système bancaire à l’aune des ratios relativement élevés de prêts- sur-dépôts des banques tunisiennes.
De plus, les marchés de capitaux locaux restent étroits et l’accès des banques aux financements externes limité et concentré principalement sur les dépôts des expatriés tunisiens ou des prêts à long terme des institutions financières multilatérales.