à Paris le 3 octobre 2014 (Photo : Joël Saget) |
[03/10/2014 14:10:29] Paris (AFP) Y aura-t-il encore un conducteur dans la voiture en 2030? L’automobile, déjà de plus en plus connectée et automatisée, devrait bientôt se conduire toute seule, selon les constructeurs qui travaillent sur cette prometteuse nouvelle frontière technologique.
Mais avant de faire partie de la vie quotidienne, gains de temps et de sécurité à la clé, la voiture autonome devra encore surmonter des défis techniques, juridiques et surtout psychologiques.
La plupart des voitures d’un certain niveau de gamme proposent déjà des aides à la conduite: alerte de franchissement de ligne, essuie-glaces et phares automatiques, radar et caméras de recul. En haut de gamme, certains modèles effectuent des créneaux tout seuls.
Mercedes-Benz, sur son vaisseau-amiral Classe S qui donne souvent le “la” des équipements avec cinq à dix ans d’avance sur les voitures moins onéreuses, offre déjà un système de conduite quasi-automatique dans les embouteillages et un régulateur de vitesse qui maintient la distance avec les autres voitures sur autoroute.
Dans la foulée d’une automatisation de plus en plus importante, “nous estimons que le véhicule autonome sera une réalité à partir de 2020 mais pensons que le déploiement plus significatif aura lieu après 2030”, explique Josselin Chabert, expert automobile du cabinet de consultants PwC.
“La technologie est là”, renchérit Thierry Le Hay, directeur des innovations et des systèmes embarqués chez PSA Peugeot-Citroën, en relevant que les constructeurs “travaillent tous” à développer de tels équipements.
La création d’une filière de voitures autonomes fait partie des projets industriels lancés par le gouvernement français, une impulsion que n’a pas attendu Akka, un bureau d’études et d’ingénierie travaillant pour Daimler (Mercedes), et qui en est déjà à sa troisième génération de véhicule autonome, explique le PDG de cette entreprise de la région lyonnaise, Maurice Ricci.
– Tests en France dès 2015 –
Pour lui, le principal défi technique actuel est de permettre au véhicule de réagir en temps réel à un environnement qui change: autres voitures, piétons ou animaux traversant la route, sans parler des travaux ponctuels qui empêchent de se reposer uniquement sur les données GPS. “On considère que le véhicule doit pouvoir créer sa maquette numérique et se déplacer dedans”, explique-t-il.
Pour l’instant, “on ne détecte que 30 kg de masse organique, donc on a des progrès à faire”, ajoute M. Ricci. Bardée de capteurs, la voiture “Link&Go” d’Akka trônera sur le stand du ministère de l’Ecologie au Mondial de l’automobile qui ouvre ses portes au grand public samedi.
L’équipementier français Valeo a de son côté démontré un étonnant système qui remplace le voiturier: on laisse sa voiture devant un restaurant, et elle va toute seule trouver une place de parking, en vous prévenant par téléphone multimédia quand elle est garée.
Mais il va falloir que la législation évolue pour permettre la circulation de voitures autonomes, remarque M. Le Hay. La convention de Vienne sur la circulation routière (1968), ratifiée par la plupart des pays européens dont la France, dispose en effet que “tout véhicule en mouvement ou tout ensemble de véhicules en mouvement doit avoir un conducteur”.
Patrie de la “Google car”, la Californie, après le Nevada (ouest des Etats-Unis), vient d’adapter sa législation pour autoriser des expérimentations de véhicules autonomes sur route ouverte. Les autorités françaises ont prévu de faire de même dès 2015.
Une fois le volet technique résolu, restera à régler la question de la responsabilité, au coeur du système des assurances. En cas d’accident, “est-ce qu’on va donner davantage de crédit à un véhicule conduit par un ordinateur, ou à l’homme?”, s’interroge M. Chabert, de PwC.
Quant à sauter le pas psychologique pour les conducteurs destinés à devenir passagers, M. Le Hay affirme que des enquêtes clients “montrent que les gens se l’imaginent très bien et pensent que c’est une évolution naturelle”. Les bénéfices de la voiture autonome sont potentiellement énormes: réduction des embouteillages, de la consommation, et 90% d’accidents en moins à terme, souligne Josselin Chabert.
Sans compter le temps libéré. “Personne n’est particulièrement excité par la perspective de passer une demi-heure dans les bouchons matin et soir et apprécierait de pouvoir faire autre chose pendant cette demi-heure là”, commente M. Le Hay.