Le président du Groupe de la Banque africaine de développement et les représentants du Libéria, de la Sierra Leone, de la Guinée et de la Côte d’Ivoire ont signé, le 1er octobre 2014, des accords de prêt et de don d’un montant de 152 millions de dollars US pour contrer la crise d’Ebola qui fait rage en Afrique de l’Ouest.
Consciente du besoin impérieux des pays concernés, en liquidités, la BAD a organisé la cérémonie de signature dans la foulée de l’approbation, plus tôt dans la matinée, du Programme d’appui budgétaire de riposte contre Ebola par le conseil d’administration de l’institution.
L’assistance de la BAD bénéficiera aux trois pays les plus touchés par ce virus mortel: le Libéria, la Sierra Leone et la Guinée, ainsi qu’à la Côte d’Ivoire à titre préventif. L’enveloppe financière comprend un prêt de 121 millions de dollars américains (USD) et un don de 30 millions USD (61 millions USD pour le Libéria, 50 millions USD pour la Sierra Leone, 32 millions USD pour la Guinée et 9 millions USD pour la Côte d’Ivoire).
« La crise d’Ebola a mis à nu la faiblesse des systèmes de santé dans la région, a déploré le président de la BAD, Donald Kaberuka. Ce domaine mérite que l’on y investisse davantage à l’avenir. »
Il est revenu sur les terribles effets pervers de l’épidémie d’Ebola non seulement dans les pays touchés mais dans d’autres régions également, avec le risque de balayer les progrès enregistrés par l’Afrique au cours des dix dernières années. Le coût humain de la pandémie, a-t-il rappelé, est extrêmement élevé, avec 6.500 cas déclarés dont 3.000 décès à ce jour.
Au-delà de cette tragédie humaine, l’impact économique est également terrifiant. L’épidémie est en train de ralentir la croissance économique dans tous les pays touchés, impactant les recettes budgétaires et les finances publiques.
Le taux de croissance du PIB pour 2014 a été revu à la baisse pour la Guinée, le Libéria et la Sierra Leone, avec des déficits publics en hausse. Les industries extractives dans les pays les plus touchés sont également au ralenti. Au Libéra, l’épidémie a perturbé la période des semis.
Les vols et le fret de et vers les pays touchés ont également été remis en question. Dans beaucoup d’autres pays africains, les réservations d’hôtel subissent des annulations. L’onde de choc de la crise s’est propagée aussi loin que l’Asie de l’Est, touchant la chaine de valeur du riz dans certains pays exportateurs vers l’Afrique de l’Ouest.
Le programme a été conçu sous forme d’appui budgétaire pour permettre aux pays bénéficiaires de compenser le tarissement des recettes budgétaires résultant de la crise. Il vise à renforcer les systèmes de santé et les ressources humaines des pays touchés. Il favorisera également la mise en place de programmes adéquats de nutrition, de sécurité alimentaire et de protection sociale.
«Nous devons réfléchir au-delà d’Ebola, a exhorté le président Kaberuka. Le programme permettra aux gouvernements d’être mieux préparés à gérer ce genre de situation à l’avenir, afin de ne pas atteindre ces pics incontrôlables et de retrouver la trajectoire de développement qui était la leur avant que le virus ne ravage la région».
Cette opération s’articule ainsi autour de trois objectifs: contenir la propagation de ce virus mortel, atténuer ses impacts socio-économiques et améliorer l’état de préparation des gouvernements ouest-africains.
«La Côte d’Ivoire a été épargnée par Ebola et doit continuer à l’être, a insisté Kaberuka. La Côte d’Ivoire jouant le rôle de moteur économique pour toute la sous-région, sa préservation est une condition vitale pour la reconstruction post-crise que nous appelons tous de nos vœux».
Ce programme est le troisième volet d’une série d’opérations de la BAD pour lutter contre le virus Ebola et constitue une réponse directe à l’emballement de l’épidémie. Il porte la contribution de la BAD à plus de 210 millions USD, assortis de mécanismes de décaissement rapide.
Le programme est original dans sa conception. Outre la dimension régionale de l’opération, les ressources financières du programme permettront non seulement de répondre aux besoins pressants de l’heure des pays touchés, mais également de renforcer leurs capacités pour mieux gérer ce genre de risques.
Les quatre pays bénéficiaires du programme étaient représentés à la cérémonie de signature par Nialé Kaba, ministre rattachée au Premier ministre ivoirien, chargée de l’Economie et des Finances; Olga Siradin, ambassadeur de Guinée en Côte d’Ivoire; Johnnyu A. McClain, ambassadeur du Liberia en Côte d’Ivoire; et Khadijatu Bassir, ambassadeur de Sierra Leone au Sénégal..