Allemagne : l’accès de faiblesse de son industrie menace la croissance

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ère allemande, Angela Merkel, le 30 septembre 2014 à Hesse en Allemagne (Archives). (Photo : MALEROUX)

[07/10/2014 13:55:56] Berlin (AFP) L’Allemagne espérait rebondir au troisième trimestre, mais l’accès de faiblesse de son industrie, confirmée par un nouvel indicateur mardi, menace sa croissance et alimente même les craintes d’une récession technique pour la première économie européenne.

La production industrielle a accusé un recul marqué de 4% en août sur un mois. Annoncées la veille, les commandes à l’industrie ont chuté de 5,7% ce même mois, leur plus gros plongeon depuis janvier 2009.

“C’est une mauvaise nouvelle pour la croissance au troisième trimestre, après que l’économie allemande a déjà calé au deuxième”, où le Produit intérieur brut (PIB) s’est contracté de 0,2%, commentait Johannes Gareis, économiste chez Natixis.

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é un fort recul de 4% en août sur un mois, bien plus fort que prévu, dans la foulée de la chute des commandes industrielles, selon un chiffre provisoire. (Photo : Thomas Kienzle)

La bonne santé du marché du travail – avec un chômage qui stationne à 6,7% – et de la consommation devraient pour l’instant permettre de compenser le passage à vide de l’industrie, explique de son côté Carsten Brzeski, économiste chez le bancassureur ING.

Mais “il est trop tôt pour dire (…) si cela sera assez pour éviter une récession technique”, avertit-il. On parle de “récession technique” pour deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

– pas de rebond avant 2015 –

Les analystes interrogés tablaient sur un recul beaucoup plus contenu de la production industrielle. L’indicateur, corrigé des variations de prix, calendaires et saisonnières, a également été revu à la baisse pour juillet (+1,6% contre +1,9% annoncé).

Des facteurs de calendrier ont joué dans la contre-performance de l’industrie en août, notamment des vacances scolaires concentrées cette année sur ce seul mois, et non pas étalées comme d’habitude sur les deux mois d’été.

Mais la chute est “trop forte pour être expliquée par un facteur unique”, souligne Carsten Brzeski. “L’incertitude grandissante, mais aussi le ralentissement bien réel de l’économie de la zone euro, des économies d’Europe de l’Est et des marchés émergents font des dégâts sur l’économie allemande”, explique-t-il.

“Un rebond significatif du secteur manufacturier et donc de l’investissement n’arrivera probablement pas avant le début 2015”, estime Christian Schulz, de la banque Berenberg.

“La conjoncture industrielle traverse actuellement une phase de faiblesse”, a également reconnu le ministère de l’Economie, qui doit actualiser la semaine prochaine la prévision officielle de croissance du gouvernement pour 2014 et 2015. Celle de 1,8% pour cette année paraît trop optimiste.

Le Fonds monétaire international (FMI) attend dorénavant une croissance de 1,4% pour l’Allemagne cette année, contre une précédente estimation de 1,9%.

Les grandes banques du pays ont pour la plupart déjà ajusté leurs anticipations en baisse, à l’image de Deutsche Bank qui mise dorénavant sur une hausse de 1,5% du PIB. Les principaux instituts de conjoncture allemands livreront leur diagnostic ce jeudi.

– mauvais augure –

Pour une zone euro qui peine à sortir la tête de l’eau, une Allemagne moins vigoureuse est de mauvais augure. Le pays représente à lui tout seul environ un tiers du PIB de l’union monétaire.

Les investisseurs européens ne s’y trompaient pas. Les Bourses européennes étaient toutes en baisse mardi, digérant mal l’indicateur allemand du jour. A 13H15 GMT Francfort perdait 0,61%, Paris 1,03% et Milan 0,91%.

Réajustement de la prévision allemande oblige, le FMI a d’ailleurs revu en baisse également mardi son pronostic pour la zone euro en 2014, avec une croissance dorénavant attendue à 0,8% seulement, contre 1,1% précédemment.

Le fléchissement allemand pourrait “forcer la BCE à abaisser de nouveau ses prévisions (de croissance en zone euro) en décembre et provoquer un nouveau débat sur de nouvelles mesures d’aides, y compris un programme d’achats d’actifs à l’américaine, incluant des obligations d’Etats membres”, avance Christian Schulz.

Une éventualité à laquelle Berlin est fermement opposée. Mais pour le moment le gouvernement d’Angela Merkel n’entend pas non plus changer le cap de sa politique économique: sa priorité, c’est un budget fédéral à l’équilibre l’an prochain, n’en déplaise à ses partenaires qui voudraient le voir davantage investir.