Orly, le 27 septembre 2014 (Photo : Stephane de Sakutin) |
[07/10/2014 14:15:58] Paris (AFP) Les tractations ont repris mardi chez Air France autour de Transavia: la direction a convoqué les syndicats pour leur exposer son plan de développement de la compagnie low cost, à l?origine d’une grève de 14 jours en septembre.
En outre, une rencontre entre tous les syndicats d’Air France, toutes catégories confondues, se tenait depuis le début d’après-midi, à l’initiative du SNPL, le principal syndicat de pilotes.
Le SNPL, héraut de la grève qui a cloué au sol la moitié des vols Air France pendant 14 jours en septembre, tentait de rassembler au-delà de sa base afin de faire front commun face à la direction.
La compagnie a convoqué pour 16H00 à son siège à Roissy une réunion d’information avec ces mêmes syndicats.
Orly, le 27 septembre 2014 (Photo : Stephane de Sakutin) |
Les professionnels du ciel redoutent que la compagnie aérienne Air France-KLM développe une “Transavia bis”, une entité juridique différente de Transavia France. Cette dernière a été créée en 2007, après un accord signé uniquement avec les pilotes, qui limite sa flotte.
L’inquiétude des pilotes a grandi la semaine dernière après la révélation par le magazine Marianne de la création d’une société baptisée “Transavia Company”, enregistrée au tribunal de commerce de Bobigny et présidée par Abraham Graber, l’ancien patron de Transavia Hollande.
Transavia Company, dont le siège social se situe à Roissy, a changé ses statuts en juillet pour passer d’une “activité de conseil” à “l?exploitation de services de transport aérien de personnes”, selon le Syndicat national du groupe Air France (SNGAF). Pour SNPL, cela signifie qu'”une compagnie aérienne a été créée”.
Pour plusieurs syndicats, celle-ci pourrait développer de nouvelles lignes en faisant fi des accords qui régissent le développent actuel de Transavia.
– Passage en force –
Contactée par l’AFP, la direction n’a pas souhaité faire de commentaire.
A sa création en 2007, les pilotes avaient obtenu la garantie que la flotte de Transavia France soit limitée à 14 appareils, l’idée étant que cette compagnie à bas coût ne vienne pas concurrencer Air France sur son réseau domestique. Au-delà de 14 avions, les pilotes volent aux conditions d’Air France, plus avantageuses que celles de Transavia France, ce qui constitue un frein au développement de la low cost, selon la direction.
Au cours de la grève de septembre, le PDG d’AF-KLM Alexandre de Juniac avait menacé de dénoncer l’accord en vigueur, ce qui avait provoqué un durcissement du conflit.
Si un tel passage en force se produisait, la direction serait néanmoins contrainte d’attendre quinze mois avant de pouvoir imposer de nouvelles règles. La création d’une Transavia bis lui permettrait de contourner cet écueil.
Le SNPL redoute qu’Air France mène ce projet grâce à un “nouvel accord, cette fois-ci intercatégoriel”, selon son porte-parole, Guillaume Schmid.
Ce scénario placerait les pilotes en position de minorité au sein de la compagnie car, explique le syndicaliste, ces derniers “ne pèsent que 6%” toutes catégories confondues (personnel au sol, hôtesses et stewards, pilotes).
Pour ne pas perdre la main, le syndicat de pilotes avait donc convié à 14H00 toutes les organisations syndicales représentatives, celles qui l’ont soutenu (CGT, UNSA, FO) comme celles qui l’ont critiqué (CFE-CGC, CFDT) pendant la grève.
Son objectif : proposer à la direction un accord intercatégoriel ayant sa bénédiction et l’aval des autres catégories de personnel.
La réunion de 16H00 sera elle la première rencontre officielle entre la compagnie et les représentants syndicaux depuis la fin de la grève, qui avait démarré le 15 septembre pour une durée record.
Elle aura coûté, selon la direction, 15 à 20 millions d’euros par jour, sans compter les dédommagements des passagers et des voyagistes. L’arrêt de travail aura fait perdre “environ un million d’euros” à l’aéroport de Toulouse-Blagnac, qui a annoncé mardi avoir enregistré une chute de 12,2% de son trafic en septembre.