Le FMI, pessimiste sur la reprise en zone euro, compte sur la BCE

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Ascq, dans le nord de la France (Photo : Philippe Huguen)

[07/10/2014 15:18:08] Bruxelles (AFP) Le FMI craint que la zone euro, toujours aux prises avec une inflation basse et un chômage élevé, ne parvienne pas à accélérer le rythme de sa croissance, et compte sur la BCE pour continuer à soutenir l’économie en allant si nécessaire jusqu’au rachat de dette.

Dans ses nouvelles prévisions économiques publiées mardi, le Fonds monétaire international a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l’union monétaire cette année et l’an prochain. Le FMI ne prévoit plus que 0,8% de croissance du PIB en 2014 contre 1,1% en juillet, et 1,3% en 2015, contre 1,5%.

Cette annonce a fait baisser les Bourses européennes: peu après 14H00 GMT, Paris reculait de 1,34%, la Bourse de Francfort se repliait de 0,81% et l’Eurostoxx 50 perdait 1,31%.

“La croissance reste faible dans la zone euro, avec des risques persistants que cette faiblesse se prolonge, tout comme la faible inflation”, écrit l’institution de Washington dans son rapport.

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ège de la BCE à Francfort (Photo : Daniel Roland)

Pour Olivier Blanchard, l’économiste en chef du FMI, il existe “un risque que la reprise connaisse un coup d’arrêt dans la zone euro, que la demande s’affaiblisse encore et que la faible inflation se transforme en déflation”, même si ce n’est pas le scénario privilégié par l’institution. “Si cela devait arriver, ce serait clairement le principal problème auquel l’économie mondiale serait confrontée”, selon lui.

L’inflation ne devrait pas dépasser 0,5% dans la zone euro cette année, et 0,9% l’an prochain, loin de l’objectif d’un peu moins de 2% fixé par la BCE. Elle devrait rester inférieure à cet objectif “au moins jusqu’en 2019”.

Dans ces conditions, “malgré les actions énergiques déjà entreprises en juin et septembre, si les perspectives en matière d’inflation ne sont pas revues à la hausse, la BCE devrait être prête à faire plus, y compris par le rachat d’obligations souveraines”, insiste le FMI.

Pour l’instant, le président de la BCE, Mario Draghi, a annoncé le rachat d’ABS, des produits financiers complexes comparables au mécanisme des “subprime” américains, ainsi que d’obligations sécurisées pendant au moins deux ans, afin de soutenir l’activité en fluidifiant le crédit.

Il a assuré le 2 octobre que la BCE était prête à “prendre d’autres mesures non-conventionnelles si nécessaire”. Mais pour l’instant, elle n’a pas franchi le pas d’un rachat massif d’obligations souveraines. En son sein, les réticences semblent fortes, notamment côté allemand.

Mais tous les efforts ne doivent pas reposer sur la BCE, selon le FMI. Pour relever la croissance à moyen terme, il préconise aussi “un renforcement des bilans des banques et des entreprises, la finalisation de l’union bancaire et la mise en ?uvre de réformes structurelles”.

– Appel du pied à l’Allemagne –

La situation est contrastée au sein de la zone euro. C’est l’Espagne qui devrait s’en sortir le mieux, et de loin, avec une prévision de croissance relevée de 0,1 point aussi bien pour 2014 que pour 2015: elle devrait atteindre 1,3% cette année et 1,7% l’an prochain.

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ésident de la BCE Mario Draghi,le 2 octobre 2014 à Naples, en Italie (Photo : Carlo Hermann)

En Allemagne, elle devrait aussi dépasser la moyenne de la zone euro et atteindre 1,4% puis 1,5%. Mais pour ce pays, les prévisions du FMI ont été révisées à la baisse de 0,5 point cette année et 0,2 point en 2015.

Quant à la situation de la France, et surtout de l’Italie, elle n’est pas brillante. En France, la croissance ne devrait pas excéder 0,4% cette année, soit 0,4 point de moins que prévu en juillet, et 1,0% en 2015 (0,5 point de moins que prévu). En Italie, le PIB devrait reculer de 0,2% cette année, soit une révision à la baisse de 0,5 point, mais progresser de 0,8% en 2015 (0,3 point en dessous des attentes précédentes).

Au vu de cette situation, pour les pays où le ralentissement de la croissance a constitué une surprise, “de nouveaux efforts” pour réduire le déficit budgétaire “seraient contre-productifs”, prévient le FMI. De son côté, l’Allemagne “pourrait se permettre de financer des investissements publics dans les infrastructures, dont elle a bien besoin”.

Un appel du pied à Berlin déjà lancé par Mario Draghi, pour qui “les pays qui ont des marges budgétaires devraient les utiliser”, et repris mardi par le futur vice-président de la Commission européenne chargé de l’Emploi et de la Croissance, Jyrki Katainen. Lors de son audition devant le Parlement européen, il a estimé qu’il fallait “encourager en particulier les pays ayant des surplus à investir plus pour l’avenir”.