ésident-élu de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à Bruxelles, le 10 septembre 2014 (Photo : John Thys) |
[07/10/2014 18:16:46] Bruxelles (AFP) Prestations médiocres, inadéquation flagrante avec le portefeuille attribué, mais aussi prises d’otages entre la droite et la gauche: les tractations ont commencé entre le Parlement européen et le président-élu de la Commission, Jean-Claude Juncker, pour corriger les erreurs de casting de son équipe et trouver un compromis politique acceptable.
“Il n’est pas possible de faire passer cette Commission comme ça”, a confié à l’AFP une source au fait des discussions au Parlement. “Certains candidats ont été médiocres, d’autres ont des problèmes avec leur portefeuille. La distribution des postes n’est pas parfaite, il va falloir trouver des moyens pour corriger”, a-t-elle expliqué.
Jean-Claude Juncker a rencontré mardi les présidents des groupes PPE, socialiste et libéral. Il leur a dit son souhait de ne pas toucher à son équipe, ont indiqué plusieurs sources à l’AFP.
Mais il s’est également dit prêt à des ajustements, notamment enlever la Citoyenneté au conservateur hongrois Tibor Navracsics, jugé par les eurodéputés inapte pour le portefeuille Éducation, Culture et Citoyenneté, a-t-on appris auprès des groupes.
Il a également pris en compte les critiques contre sa décision de confier le portefeuille Climat et Energie au conservateur espagnol Miguel Arias Canete, “difficile à vendre aux socialistes” quand plus de 500.000 personnes ont signé une pétition contre lui. Il s’est dit “prêt à le placer sous la tutelle d’un vice-président socialiste”, a indiqué à l’AFP une source européenne.
– La libérale Bratusek sur le départ –
Ce changement serait rendu possible grâce au départ de la libérale slovène Alenka Bratusek, vice-présidente désignée en charge de l’Union de l’énergie, qui a raté son audition et devrait être recalée, a annoncé le conservateur Giovanni La Via, président de la commission Environnement du Parlement.
Le groupe libéral serait prêt à cette concession, “à la condition que Mme Bratusek soit remplacée par une autre candidate libérale slovène”, a indiqué à l’AFP une source au sein de cette formation. “Mais ce n’est pas encore fait”.
Plusieurs commissaires désignés attendent l’évaluation de leur audition. Parmi eux M. Canete mais aussi le socialiste français Pierre Moscovici, pressenti pour les Affaires économiques, devenu l’otage d’un bras de fer entre les conservateurs du PPE et les socialistes.
Les décisions ont été renvoyées à mercredi, a indiqué à l’AFP une source au Parlement.
Les députés ne peuvent pas formellement recaler un candidat. Mais ils doivent dire s’ils le jugent apte ou non à devenir commissaire européen, puis qualifié pour le portefeuille attribué.
M. Juncker doit tenir compte de ces avis s’il veut obtenir l’investiture de l’ensemble de son équipe par le Parlement européen, le 22 octobre. Son prédécesseur, José Manuel Barroso, avait été contraint de renvoyer des candidats, dont l’Italien Rocco Buttiglione.
– ‘Retirer ses missiles’ –
Jean-Claude Juncker va à nouveau s’entretenir avec les présidents des groupes politiques dans les prochains jours. “L’exercice doit permettre de procéder à certains ajustements au sein de son équipe. Il pourrait y trouver son compte, car les commissaires lui ont été imposés par les Etats et certains portefeuilles n’ont pas toujours été attribués en toute liberté”, a-t-on souligné dans les groupes.
Interrogé par l’AFP, l’entourage de Jean-Claude Juncker s’est refusé à tout commentaire.
Certains candidats ne cachent pas leur mécontentement. “La consigne donnée pour les auditions était de ne prendre aucun engagement devant le Parlement européen”, ont-ils expliqué pour justifier leurs réponses parfois évasives.
Les députés leur ont fait payer leur frustration. “Les auditions ne sont pas une promenade de santé”, a commenté un responsable du Parlement. Mais elles ont également été détournées à des fins politiques. C’est le cas pour M. Moscovici, considéré par le groupe PPE comme “le fusible socialiste qui doit sauter si Canete tombait”. “Canete est le casus belli absolu pour le PPE”, a déploré une source parlementaire.
Le ton n’est pas encore à la paix. “Si Moscovici est touché, la Commission Juncker tombe”, a menacé le président du groupe socialiste, Gianni Pittella. “Chacun doit retirer ses missiles”, plaident les modérés dans chaque camp.