Le forum pour le dialogue en Méditerranée, connu sous le nom de “Dialogue 5+5“, n’a pas permis aux pays de la rive sud de converger avec ceux du nord. Un bilan mitigé de cette institution, réputée pour son cadre informel au plus haut niveau, a été dressé jeudi 2 octobre 2014 à Marseille.
Alors que la France s’apprête à prendre la présidence du “Dialogue 5+5“ en janvier 2015, la question de son rôle dans la reconfiguration des relations euro-méditerranéennes a été posée lors d’un colloque organisé par la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques (FMES). Institué au début des années 90, il réunit les ministres des Affaires étrangères d’Espagne, d’Italie, de France, de Malte et du Portugal au nord de la Méditerranée et d’Algérie, du Maroc, de Tunisie, de Libye et de Mauritanie pour la rive Sud.
«Au sud, cinq pays ont connu la transition démocratique, au nord cinq pays font face à une crise financière majeure. Aucun pays du nord ne peut consacrer d’argent pour faire exister le dialogue 5+5, certes bienveillant mais assez modeste. Il se bloque en raison de verrous européens», explique Serge Teille, délégué interministériel français à la Méditerranée. Tensions politiques et économiques ont grippé le processus. «La France, l’Italie et l’Espagne ont posé des verrous aux produits agricoles. Ils ne veulent pas des tomates marocaines et de l’huile d’olive tunisienne», ajoute-t-il.
Autre frein, selon lui, la question migratoire. «L’Europe ne veut pas entendre parler d’espace euro-méditerranéen. Nous n’avons pas réussi le pari de la convergence et de l’intégration. La Méditerranée devient un fossé, elle nous divise. Nous sommes dans le choc des ignorances», lâche sans détour Serge Teille.
«Dialogue 5+4», le «trou libyen»
Le dialogue au sein de cette enceinte, discontinu, serait trop centré sur la lutte contre le terrorisme. «Le 5+5 a une approche Défense. Pourquoi ne pas travailler à la recréation d’une identité méditerranéenne. Sans passerelle, la coopération sera difficile», avance Ibrahim Awad, chercheur au centre pour la migration et l’étude des réfugiés à l’université américaine du Caire.
«Le 5+5 ne doit pas devenir une institution sécuritaire, il faut travailler sur le développement économique et social», renchérit Jacques Lanxade, président de la FMES.
Pourtant, selon Raouf Chatty, directeur général des relations avec l’Europe au ministère tunisien des Affaires étrangères, la lutte contre le terrorisme est un préalable: «Sans développement, il n’y a pas de démocratie et sans démocratie il n’y a point de développement. Tout passe par la coopération».
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