2% des enfants de tranches d’âge différentes souffrent de la pauvreté infantile multidimensionnelle. C’est ce que révèlent les résultats d’une étude intitulée “Analyse de la pauvreté infantile en Tunisie, une approche de privations multiples”.
L’enquête, dont les résultats ont été présentés, jeudi 2 octobre à Tunis lors d’une rencontre avec la presse, a été menée dans le cadre d’une approche participative sous la supervision d’un comité de pilotage composée des différentes parties concernées par l’enfance avec l’appui financier et technique du Fonds des Nations unies pour l’enfance (UNICEF).
L’UNICEF considère que “les enfants vivant dans la pauvreté sont privés des ressources dont ils ont besoin sur les plans matériel, spirituel et affectif pour survivre, se développer et s’épanouir, ce qui les empêche de jouir de leurs droits, de donner la pleine mesure de leurs capacités ou de participer à la vie sociale en tant que membres à part entière et égale”.
Le sud-est, champion de Tunisie du travail des enfants
Selon cette étude, présentée par le consultant Abderrahmen Ellahga, le gouvernorat de Sidi Bouzid a enregistré les taux les plus élevés de pauvreté infantile pour la catégorie d’âge 24-59 mois avec 38,2% contre 3% au sud-ouest et 3,9% au district de Tunis.
L’étude souligne que le taux de pauvreté est nettement supérieur chez les enfants ayant une mère analphabète. Il s’élève à 29,3% contre 1,3% pour la mère qui a un niveau universitaire.
Ellahga a ajouté que durant la période prénatale, un enfant sur quatre en Tunisie bénéficie de moins de quatre consultations médicales, soulignant que cet indicateur reste, également, tributaire du niveau intellectuel de la mère mais aussi des attributs de développement notamment dans les régions intérieures qui souffrent de l’augmentation de la pauvreté infantile multidimensionnelle, dont le droit à la santé, à la nutrition et à l’eau potable.
Concernant la questionn relative au travail des enfants âgés de 5 à 14 ans, les taux les plus élevés ont été enregistrés dans la région du sud-est (4,8%) et dans le gouvernorat de Kasserine (4,4%) contre 0,5% au district de Tunis (le taux le plus bas). Le taux de pauvreté est de 2,5% pour les enfants de mères analphabètes, contre 0,7% pour les enfants des mères ayant un niveau universitaire.
L’étude a révélé des disparités entre les régions en termes d’ampleur de la pauvreté infantile qui varie selon le revenu de la famille, le niveau intellectuel de la mère et de la nature du milieu, rural ou urbain.
Ces différences qui touchent les différentes catégories d’âge se manifestent notamment dans les régions ouest, particulièrement au centre-ouest.
L’étude comporte plusieurs recommandations portant, notamment, sur l’amélioration des services de santé dans le milieu rural et les régions du centre-ouest, la généralisation de la vaccination de tous les enfants issus des zones rurales reculées, la mise en place de nouveaux mécanismes pour le suivi du phénomène de l’abandon scolaire et l’encouragement de la scolarisation, outre la lutte contre l’analphabétisme des mères et le déséquilibre régional.
L’étude repose sur l’analyse de la situation de l’enfant pauvre en se référant aux résultats de l’enquête nationale par grappes. Les indicateurs de pauvreté retenus dans le cadre de l’enquête nationale par grappes s’élèvent à 11: la nutrition, la santé, l’eau, l’assainissement, la protection, l’habitat, le développement de l’enfance précoce, l’éducation, l’accès à l’information, la violence et le travail des enfants.
Le secrétaire d’Etat au développement et à la coopération internationale, Noureddine Zekri a souligné lors de cette rencontre que les résultats de l’étude montrent que la disparité entre les régions et les catégories est due à l’échec de l’ancien modèle de développement.
L’étude permettra de fournir des données scientifiques qui seront prises en considération lors de la réforme des politiques et l’élaboration des programmes. La secrétaire d’Etat chargée des affaires de la femme et de la famille, Neila Chaâbane a souligné, de son côté, l’importance de cette étude dans la détermination des régions les plus vulnérables et des catégories ciblées par les nouveaux programmes et par la réforme structurelle.
La souffrance de l’enfant est intimement liée à celle de la mère, a t-elle affirmé, appelant à ce que toute stratégie mise en place au profit de l’enfant doit accorder une importance particulière à la promotion du niveau intellectuel de la femme.
De son côté, la représentante de l’UNICEF en Tunisie, Maria Luisa Fornara, a souligné que le résultats de cette analyse qui seront mis à la disposition des responsables au moment où la Tunisie s’apprête à élaborer de nouvelles stratégies de réformes et de développement, permettront d’affiner les analyses sur la situation actuelle de l’enfance dans les différents domaines.