La croissance devrait s’accélérer en Tunisie, pays en pleine phase de transition, pour atteindre 2,7% en 2015, selon la dernière édition du rapport de suivi de la situation économique au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA) du groupe de la Banque mondiale (BM).
Ainsi, les experts de la Banque estiment que l’ensemble de la région MENA devrait connaître une croissance moyenne de 4,2% en 2015, en légère progression par rapport à 2013 et 2014.
La croissance de l’économie pourrait même s’établir à 5,2%, sous réserve d’une reprise de la consommation intérieure, de l’allégement des tensions politiques en Egypte et en Tunisie favorisant le retour des investissements, mais aussi d’un redémarrage complet de la production de pétrole en Libye.
Toutefois, “les conflits violents qui touchent la Syrie, l’Irak, Gaza, le Yémen et la Libye, et qui n’épargnent ni le Liban ni la Jordanie, pourraient assombrir les perspectives de croissance de la région MENA”, souligne Inger Andersen, vice-présidente de la BM pour la Région MENA.
Tout de même, avec sa population jeune et instruite, sa position géographique stratégique et ses ressources naturelles, la région a un incroyable potentiel, a assuré la responsable. “C’est pour cela que le monde doit se mobiliser en sa faveur et, à l’instar de ce qui a été fait pour l’Europe en 1944, soutenir un plan de redressement”, a-t-elle préconisé.
Subventions à l’énergie, un obstacle au développement
Le rapport de la Banque mondiale accorde une place particulière à la nature délétère des subventions énergétiques, très importantes dans la région. D’après les auteurs du rapport, celle-ci connaît, actuellement, une croissance inférieure à son niveau potentiel et doit faire face à un chômage endémique, des villes polluées et congestionnées et des pénuries d’eau qui fragilisent la production agricole.
Le document montre comment les subventions à l’énergie ont entretenu ces obstacles au développement et plaide pour que la réforme de ces subventions fasse partie des premières priorités des décideurs. En effet, “les subventions énergétiques encouragent une production à forte intensité de capital, au détriment de la main-d’œuvre et de l’emploi, et entretiennent ce faisant le chômage élevé que connaît la région”, analyse Shanta Devarajan, économiste en chef à la BM pour la région MENA.
Pour Devarajan, “si l’énergie coûtait plus cher, les ressources se tourneraient plutôt vers l’industrie légère, le bâtiment et d’autres secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, ou vers des entreprises plus jeunes et plus dynamiques”.
Les gouvernements des pays de la région MENA sont ainsi exhortés à réduire leurs subventions à l’énergie afin d’installer une dynamique économique créatrice d’emplois sous-tendue par une urbanisation raisonnée et un secteur agricole productif.