Le trio Hmila-Heineman-ATU, filiale de la TAV a remporté l’appel d’offres portant exploitation du marché des freeshops en Tunisie. Un appel d’offres qui n’a pas cessé de susciter des remous depuis sa publication. Nombreux sont ceux qui y ont vu de l’abus de pouvoir et le risque d’un monopole «caractérisé sur l’ensemble des freeshops» en Tunisie. Certains ont même prétendu avoir décelé la main d’Ennahdha très liée aux Turcs.
Ces allégations sont-elles fondée? Si les relations d’Ennahdha avec les Turcs ont été toujours au beau fixe, aucune preuve matérielle n’est apportée quant à une possible complicité par le lobby nahdhaoui pour ce qui est de l’octroi du marché en question.
Pour le gouvernement Jomaâ, pas très regardant quant aux alliances géopolitiques, il s’agit tout simplement d’assurer le maximum de revenus à l’Etat tunisien. En effet le montant du loyer s’élève à 300 millions d’euros sur huit ans, ce qui représente des ressources importantes pour l’Etat. Le consortium sorti vainqueur de l’appel d’offres accorde 43,6% de son chiffre d’affaires à l’Etat. Soit plus de 2% que le principal rival et 25,6% en plus du pourcentage perçu de Dufry par l’Etat tunisien avant 2011. 30 millions d’euros seront consacrés au relooking des freeshops. «Si cette opération coûte moins, le reliquat reviendra à l’OACA».
A ceux qui reprochent à la TAV d’être un mauvais payeur, la réponse a été : «Les concessions des aéroports Enfidha et de Monastir ont été dès le départ mal négociées avec la TAV. C’est ce qui explique la décision de notre gouvernement de lancer un audit technique et financier. Nous estimons qu’il nous revient à nous de revoir ce contrat pour qu’il serve les intérêts nationaux en premier», a tenu à préciser Chiheb Ben Hmed, ministre du Transport.
Les PDG de l’ATU,et de Heinemann très réactifs ont annoncé leur satisfaction d’avoir remporté l’appel d’offres rapidement dans un article publié mercredi 8 octobre sur le site moodiereport.com.
Grâce à son alliance avec le groupe tunisien et allemand, l’opérateur turc renforce son positionnement sur le marché tunisien. Quant au groupe Hmila, l’un des plus valables en Tunisie, il détenait depuis des décennies le monopole des ventes à bord des avions de Tunisair, Syphax Airlines, bateaux de la CTN, et port de La Goulette sans oublier la boutique diplomatique de La Soukra.
Heinemann est, pour sa part, le leader européen du marché Duty Free et l’un des opérateurs qui ont le plus œuvré à baisser les prix des produits sous-douane en Europe.
Toujours est-il qu’avoir remporté l’appel d’offres permet aujourd’hui aux trois acteurs du freeshop en Tunisie associés à parts égales d’occuper tout le marché en exploitant les aéroports de Tunis-Carthage, Djerba Zarzis, Sfax-Thyna, Tabarka-Aïn Draham et celui de Tozeur-Nefta. Oui, nous sommes en situation de monopole! Pourvu que ça profite aux consommateurs.