à Saint-Denis, près de Paris, le 17 septembre 2013 (Photo : Jacques Demarthon) |
[09/10/2014 06:26:57] Montpellier (AFP) Une batterie de missiles Patriot manquant sa cible en 1991, l’explosion de la fusée Ariane 5 en 1996, les erreurs de calcul des ordinateurs ont causé moult problèmes voire des catastrophes: Numalis, une start-up de Montpellier propose désormais une sorte de correcteur de calcul comme il existe des correcteurs d’orthographe.
“Contrairement aux idées reçues, un ordinateur, quelle que soit sa puissance, ne calcule pas forcément juste”, souligne le docteur en informatique montpelliérain Arnault Loualalen, dont la thèse en 2012 est à l’origine de Numalis, la start-up qu’il vient de créer pour commercialiser un logiciel d’amélioration de la précision.
L’erreur de calcul est inhérente à l’ordinateur. “Un ordi, c’est binaire. Par exemple, 0,1 il ne connaît pas. Il le traduit en 0,100000024. Il y a donc une marge de 0,000000024. Aussi, plus on additionne ou multiplie, plus l’écart est important”, explique le chef d’entreprise.
Autre source de différence: l’arrondi. “Pour le calcul scientifique, on a inventé le nombre à virgule. Mais entre chaque nombre, il y a une infinie de nombres. Or l’ordinateur est une machine finie. On a donc choisi d’arrondir”, précise M. Ioualalen
“Ainsi, il y a des nombres que l’ordinateur connaît et d’autres qu’il ne connaît pas et ne connaîtra jamais. Or, au départ, entre chaque nombre, l’écart est faible. Mais plus on va loin, plus l’écart est grand”, ajoute-t-il.
Le sujet de la précision de l’ordinateur a souvent été négligé, voire tabou. Longtemps personne ne reconnaissait que l’arrondi ou la représentation d’un nombre pouvait causer des dérives.
“Mais ces vingt dernières années, plusieurs catastrophes ont fait prendre conscience aux grands groupes industriels des risques que comporte l?arithmétique réalisée par ordinateur. Ils en tiennent compte maintenant dans la programmation”, estime le chef d’entreprise.
– “Erreur d’opérande” –
A travers l’histoire, certaines erreurs des ordinateurs ont été marquantes. Avec parfois des conséquences dramatiques. Comme le 25 février 1991 lorsqu’un missile américain Patriot a manqué sa cible de 600 mètres. Le Scud irakien qui lui avait échappé, avait tué 28 soldats américains dans la caserne de Dhahran, en Arabie saoudite.
Selon l’armée américaine, en cause un petit compteur de l’horloge interne, qui avait en quelque sorte additionné une minuscule erreur pendant la centaine d’heures de veille du missile. Ce qui a représenté à la fin une différence d’une seconde, soit les 600 m de décalage de trajectoire.
Pour Ariane 5, le 4 juin 1996, le rapport d’enquête a démontré que l’explosion 39 secondes après le décollage avait eu pour origine une panne de calculateur pendant la conversion dans l’ordinateur d’un nombre flottant de 64 bits en 16 bits.
Le nombre en représentation flottante a été converti à une valeur qui était supérieure à ce que pouvait exprimer un nombre entier à 16 bits, ont noté les experts, soulignant qu’en conséquence, il y avait “eu une erreur d’opérande”.
En 2002, au passage à l’euro, les Allemands avaient été surpris par une conversion du mark en euro qui variait selon les arrondis et les ordinateurs.
Pour M. Loualalen qui a déjà reçu plusieurs prix, dont celui de meilleur docteur-entrepreneur, l’idée est de vendre son outil automatique de détection et de correction des erreurs numériques notamment au monde de la finance.
“Il y a des milliards qui se jouent en bourse. Plus on améliore le calcul, plus on gagne d’argent”, plaide-t-il, se souvenant qu’au début des années 1980, c’était une erreur d’arrondi qui avait fait perdre en quelques mois plus de la moitié de la valeur de l’indice de la bourse de Vancouver.