La Bolivie profite d’une manne économique, effet des nationalisations

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ésident bolivien, Evo Morales, en lice dimanche pour un troisième mandat, à Cochabamaba-Villa 14 dans le Chapare le 11 octobre 2014 (Photo : Aizar Raldes)

[11/10/2014 22:35:15] La Paz (AFP) La Bolivie, pays le plus pauvre d’Amérique latine, caracole en tête de la région en termes de croissance, grâce notamment à la nationalisation des hydrocarbures, une manne devenue capital politique entre les mains du président Evo Morales, en lice dimanche pour un troisième mandat.

Premier président amérindien de Bolivie, investi en janvier 2006 et porté par un discours anti-américain et pro-indigène, Evo Morales ne manque pas de souligner l’effet positif généré par sa mesure la plus radicale: la nationalisation des hydrocarbures.

Appuyé des forces militaires et de la police, le gouvernement occupe manu militari dès mai 2006 les installations et champs de pétrole entre les mains de multinationales comme le brésilien Petrobras ou l’espagnol Repsol, et négocie de nouvelles conditions contractuelles plus favorables à l’Etat.

Parallèlement, il impose une réforme qui fait passer les taxes sur le gaz de 18% à 50%.

Les recettes pétrolières de l’Etat, environ 673 millions de dollars annuels en 2005, grimpent à 5,8 milliards de dollars en 2013, selon la compagnie pétrolière d’État YPFB.

Durant la même période, le PIB triple, passant de 9.5 milliards de dollars à 30,3 milliards. Le PIB par habitant, quelque 1.000 dollars, passe à 2.757 dollars, et le salaire minimum de 72 dollars à 206 dollars, générant un flux de fonds qui permet au gouvernement d’investir dans les programmes sociaux et les infrastructures publiques.

La mainmise de l’Etat ne vise pas seulement les hydrocarbures, mais s’étend aux entreprises de télécommunications, fonds de pension, centrales hydroélectriques, aéroports ou à l’exploitation minière.

Ces nationalisations, qui font fuir le plus souvent les capitaux étrangers, n’ont pas eu cet effet sur la Bolivie, selon un rapport du ministère de l’Economie, auquel a eu accès l’AFP.

La Bolivie a engrangé “en 2013 1,75 milliard de dollars d’investissements directs internationaux nets (IDE)”, selon ce rapport qui rappelle qu’en 1998, lors de la vague de privatisations, l’IDE avait atteint un pic de 1,02 milliard.

– Climat propice aux affaires –

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ésident bolivien, en lice dimanche pour un troisième mandat, à Cochabamaba-Villa 14 dans le Chapare le 11 octobre 2014 (Photo : Aizar Raldes)

Le boom économique “résulte d’une excellente conjoncture externe au sein de laquelle l’économie bolivienne a évolué”, indique à l’AFP Armando Mendez, professeur d’économie à l’Université San Andrés (UMSA).

Selon l’économiste, alors que “la Bolivie exportait en 2005 1,4 milliards de dollars en gaz, elle en exporte aujourd’hui 6,8 milliards, soit près de cinq fois plus” avec des cours beaucoup plus élevés.

Des taux élevés de croissance et un climat propice aux affaires ont également provoqué un rapprochement avec les milieux d’affaires de Santa Cruz (est): ce principal secteur d’opposition à Evo Morales s’est progressivement rapproché d’un président initialement honni.

La croissance pour 2014, estimée par le gouvernement à 6,5%, placerait, selon la Commission économique pour l’Amérique latine et les Caraïbes (Cepal), la Bolivie cette année en tête des pays avec la plus forte expansion économique de la région, dépassant l’Équateur et la Colombie.

Gonzalo Chavez, professeur d’économie à l’Université Catholique de Bolivie, nuance toutefois, relevant que l’économie de ce pays enclavé d’Amérique du Sud, si elle a démontré des vertus, souffre de défauts de fond.

En Bolivie, l’extrême pauvreté touche ainsi 20% de la population de plus de 10 millions d’habitants.

Cette année, pour donner des outils de subsistance additionnels, le gouvernement a adopté une loi controversée qui permet aux enfants de devenir travailleurs indépendants à partir de 10 ans.

“On voit ainsi un pays avec de vieux problèmes, qui continue d’exporter des ressources naturelles, qui a de très faibles niveaux de productivité et une énorme économie informelle qui emploie 80% des Boliviens”, souligne Chavez.

En outre, concernant les investissements étrangers, l’universitaire estime que les 1,75 milliard de dollars en 2013 parvenus en Bolivie pèsent peu par rapport aux flux financiers qui ont bénéficié à d’autres pays de la région.

“Le Pérou reçoit environ 6 milliards de dollars d’investissement par an, le Chili 8 milliards et la Colombie 9 milliards” remarque-t-il, concluant que la Bolivie a encore un long chemin à parcourir.