Chine : rebond surprise des importations en septembre, les exportations accélèrent

1f787fe146e855aad18f1e4376f7d92d5a3b75f9.jpg
évu de ses exportations (Photo : Lakruwan Wanniarachchi)

[13/10/2014 06:17:23] Pékin (AFP) La Chine a enregistré un rebond surprise de ses importations en septembre après plusieurs mois de repli, ainsi qu’une progression plus robuste que prévu de ses exportations –des signaux positifs accueillis toutefois avec prudence par les experts.

Les importations du géant asiatique, numéro un mondial des échanges de produits manufacturés, ont progressé de 7,0% sur un an le mois dernier, à 182,7 milliards de dollars, ont annoncé lundi les douanes chinoises.

C’est un net revirement de tendance, après les replis de 1,6% et 2,4% sur un an enregistrés en juillet et en août. Les analystes interrogés par l’agence Dow Jones Newswires anticipaient pour septembre une nouvelle baisse, de 2,4%.

De leur côté, les exportations chinoises ont connu une accélération sensible, augmentant de 15,3% par rapport à septembre 2013, à 213,7 milliards de dollars. Soit bien davantage que la hausse de 9,4% d’août et que la prévision médiane des analystes (+12,5%).

Si la Chine a vu son excédent commercial plus que doubler en septembre sur un an, à 31 milliards de dollars, celui-ci s’établit très en deçà du record de presque 50 milliards de dollars enregistré en août, et bien en dessous des prévisions (42 milliards).

– Embellie de la demande extérieure –

“Les grandes économies du monde se sont reprises et la demande internationale s’est renforcée”, s’est félicité Zheng Yuesheng, porte-parole des Douanes, pointant une accélération des échanges vers l’Union européenne et les Etats-Unis.

Mais “la solide progression des exportations s’explique en partie par une base de comparaison favorable –car elles avaient chuté en septembre 2013”, tempérait Julian Evans-Pritchard, analyste du cabinet Capital Economics.

La récente poussée a par ailleurs pu être alimentée par le lancement de l’iPhone 6 d’Apple, dont une grosse partie des composants sont assemblés en Chine, ont suggéré les économistes de la banque Nomura.

Néanmoins, les exportations restent “suspendues au haut niveau d’incertitude entourant une croissance européenne faiblissante et la montée des risques géopolitiques”, ont-ils averti.

Zheng Yuesheng, de son côté, a reconnu les défis liés à “la baisse de compétitivité des exportations chinoises”, alors que “s’accélère le transfert des industries manufacturières dans d’autres pays d’Asie du Sud-est”.

Quant à la spectaculaire reprise des importations, elle semblait témoigner d’un sursaut de l’activité en Chine après des mois de morosité.

“Ce rebond apparaît quelque peu en contradiction avec la faiblesse de la demande intérieure”, telle que reflétée par des salves d’indicateurs décevants, observait cependant Liu Li-Gang, économiste de la banque ANZ.

“Cela suggère surtout que certains négociants de matières premières ont voulu profiter des ²chutes de prix survenues sur les marchés mondiaux le mois dernier”, a-t-il estimé, soulignant une accélération des importations de minerai de fer.

– Menace de l’immobilier –

M. Evans-Pritchard y voyait quant à lui “un bond des importations (de produits) destinés à être transformés puis ré-exportés, ce qui reflète donc la conjoncture internationale plutôt qu’un quelconque décollage de la demande intérieure”.

Par ailleurs, l’assombrissement persistant du secteur immobilier –plombé par une offre surabondante– continuera de peser sur la demande chinoise de matières premières et de pénaliser les importations, a-t-il averti.

Après des années de surchauffe, les ventes de logements en Chine se sont effondrées de 10,9% sur un an au cours des huit premiers mois de l’année, selon le gouvernement.

0102aca1b5462d79fccc7412ec8eba89500c6e48.jpg
à la périphérie de Guangzhou, dans la province méridionale du Guangdong, le 10 août 2014 (Photo : Johannes Eisele)

“C’est le risque le plus important pour la demande chinoise, en dépit des récents assouplissements de la banque centrale sur les prêts immobiliers”, a abondé Ma Xiaoping, économiste de HSBC.

Alors que Pékin vise une croissance économique de 7,5% pour 2014, le Fonds monétaire international (FMI) a confirmé la semaine dernière sa prévision de croissance à 7,4%, pointant précisément “la sévère correction” du marché immobilier –un des piliers du PIB chinois.

Mais “si les statistiques pour le troisième trimestre ne montrent pas clairement un risque d’aggravation, les autorités ne prendront pas de mesures de soutien tous azimuts –plutôt des coups de pouce ciblés”, a indiqué Mme Ma à l’AFP.

Face au net ralentissement de la croissance et des échanges commerciaux, Pékin avait introduit à partir d’avril des réductions fiscales et assouplissements monétaires ciblés, mais ce “mini-plan de relance” avait fait long feu, la production industrielle ralentissant fortement durant l’été.

Et de l’avis général, l’excédent commercial toujours très élevé de la Chine devrait continuer d’intensifier la pression pour l’appréciation du yuan.