à Detroit, dans le Michigan (Photo : Joshua Lott) |
[13/10/2014 06:44:37] New York (AFP) Trois mois après l’annonce d’un cancer de la gorge “curable” et son traitement initial terminé, Jamie Dimon, 58 ans, leader charismatique de JPMorgan Chase, va reprendre toutes ses activités de patron de la première banque américaine en termes d’actifs.
“Je vais bien”, a assuré vendredi d’une voix rauque M. Dimon, qui n’a pas perdu sa chevelure argentée, lors de sa première apparition publique à Washington dans le cadre d’une table-ronde organisée par l’Institut de la Finance internationale.
Aminci, la silhouette élancée, il a perdu de 7 à 10 kilos, a indiqué à l’AFP son entourage.
Mardi, celui que les médias appellent le “banquier le moins détesté” des Américains, devrait prendre part à la conférence de présentation des résultats du troisième trimestre de la banque, selon des sources internes.
Il a participé récemment aux réunions organisées sur la cyber-attaque dont a été victime la banque, à des rencontres avec des clients de la banque de financement d’investissements et devrait progressivement reprendre ses déplacements à l’étranger, selon les mêmes sources qui ont requis l’anonymat.
Depuis l’annonce de sa maladie, l’état de santé de M. Dimon est devenu l’une des principales inquiétudes de la communauté financière, JPMorgan étant l’un des établissements les plus puissants à Wall Street. Son nom est derrière quasiment toutes les plus grosses opérations financières à travers le monde, comme la récente entrée en Bourse historique du géant chinois de la distribution Alibaba.
Sous la férule de Jamie Dimon depuis 2006, JPMorgan a évité la déconfiture pendant la crise financière et en est même ressortie plus imposante que jamais: elle a détrôné Citigroup et Bank of America pour devenir la première banque américaine.
L’an dernier, JPMorgan a gagné 17,9 milliards de dollars malgré une amende de 13 milliards de dollars pour régler des litiges liés à la crise.
“Les choses sont en train de revenir progressivement à la normale. Il (Jamie Dimon) va mieux”, indique à l’AFP Joe Evangelisti, porte-parole de la banque.
M. Dimon a terminé son traitement initial de deux mois associant radiothérapie et chimiothérapie en septembre, selon son entourage.
“La santé d’abord”
“Tout paraît normal, comme si le cancer avait disparu”, indique une source auprès de l’AFP. Mais il va devoir effectuer des contrôles et biopsies tous les six mois pendant cinq ans et des scanners de contrôle régulièrement, une rechute étant toujours possible.
Vont désormais commencer des mois d’attente en espérant une rémission totale au bout de 5 ans. Les trois prochaines semaines s’annoncent difficiles d’après son entourage.
Entre les contrôles étroits et réguliers des médecins, il va aussi faire face à des effets secondaires du traitement comme la fatigue et des bouffées de chaleur inattendues.
Pendant son traitement, son agenda avait été réduit de moitié et ses déplacements limités. Mais il avait continué à assurer une présence régulière au bureau, de cinq à six heures par jour avec une sieste de 30 à 45 minutes, selon son entourage.
Ce “stakhanovisme” lui a valu des critiques, certains estimant qu’il aurait dû prendre des jours de repos pour se soigner.
Chez JPMorgan, on fait valoir que Jamie Dimon a annulé différentes réunions pour s’appliquer à lui-même son conseil “la santé d’abord, la famille ensuite et le travail en trois”.
M. Dimon, qui est marié et père de trois filles, a été surpris par l’élan de sympathie qui a suivi l’annonce de sa maladie: des lettres d’anonymes, des coups de téléphone de chefs d’Etat dont le président Barack Obama ou de ses pairs comme le milliardaire Warren Buffett, soigné d’un cancer de la prostate en 2012.
Au sein de la banque, on est aussi soulagé d’avoir évité une “guerre” entre les quatre lieutenants promis à lui succéder.
Mary Erdoes (gestion d’actifs), Marianne Lake (directrice financière), Daniel Pinto (banque d’investissement) et Gordon Smith (banque de détail) n’ont pas sorti les couteaux.
Le retour total aux affaires de M. Dimon tombe au moment où JPMorgan est au centre d’enquêtes du FBI et de procureurs de différents Etats américains, après que des hackers ont volé cet été des listings de 76 millions de ménages et de 7 millions de PME.
“L’argent est en sécurité”, a assuré M. Dimon, qui a promis de doubler l’enveloppe consacrée à la cybersécurité, actuellement de 250 millions de dollars.