La Malaisie souhaite en finir avec la mention “sans huile de palme”

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à Dengkil, en banlieue de Kuala Lumpur le 4 novembre 2009 (Photo : Saeed Khan)

[14/10/2014 17:55:21] Paris (AFP) La Malaisie, 2e producteur d’huile de palme derrière l’Indonésie, veut en finir avec la mention “Sans huile de palme” qu’elle juge “discriminatoire et injuste”: elle en appelle aujourd’hui aux autorités françaises au nom des liens commerciaux entre les deux pays.

“Nous demandons au gouvernement français d’agir et de considérer l’impact potentiel de cette étiquette sur nos exportations d’huile de palme”, a indiqué mardi à l’AFP le président du Conseil national des producteurs d’huile de palme de Malaisie, le Dr Yusof Basiron.

Selon lui seules la France et la Belgique francophone ont recours à cet étiquetage sur des produits (petits gâteaux, pâtes à tartiner, plats préparés…).

De passage à Paris, il rappelle que son pays et la France sont “des partenaires commerciaux”.

Pas de menace, assure-t-il derrière ces propos, même si la Malaisie est un acheteur régulier d’Airbus pour la compagnie nationale qui en compte actuellement 28 en opérations. Il n’est “pas question de représailles: mais c’est un élément qu’il est logique de rappeler puisque nous tirons 10% de nos revenus à l’exportation de l’huile de palme, et que cet argent est utilisé pour acheter ce que nous importons”.

En attendant, l’organisme qu’il préside se “réserve le droit de poursuivre en justice les détaillants qui utiliseront cette mention si la situation doit perdurer”.

En juin, le ministre malaisien des plantations et des matières premières, Douglas Uggah Embas, a écrit aux ministres français de la Santé, Marisol Touraine, et des Finances, Michel Sapin, pour dénoncer l’étiquette “sans huile de palme” et leur demander de “prendre des mesures contre cet étiquetage contraire à la législation européenne”.

A ce jour, reconnaît M. Basiron, ces courriers n’ont pas suscité de réponse officielle: “Pas encore”, précise-t-il, après un rendez-vous avec des responsables de la Direction des fraudes (DGCCRF) et un conseiller du Quai d’Orsay.

– Amendement Nutella –

La Malaisie s’appuie sur une réglementation européenne qui entrera en vigueur le 13 décembre et imposera de préciser la nature des matières grasses : l’huile de palme devra être explicitement précisée au lieu de “huile végétale” actuellement utilisée.

“La mention + Sans huile de palme+ contrevient à cette nouvelle réglementation”, estime le responsable malaisien qui s’interroge : si ce produit doit être listé, pourquoi préciser son absence?

En outre, “de notre point de vue, (cette mention) n’a aucun fondement ni justification, ni sur le plan nutritionnel ni sur le plan environnemental puisque nous n’exportons que de l’huile de palme certifiée durable”, ajoute-t-il.

M. Basiron rappelle même que le Premier ministre d’alors, Jean-Marc Ayrault, en visite en juillet 2013 en Malaisie avait promis que la France s’abstiendrait de mesures discriminatoires”. Argument d’autant plus sensible qu’en 2012 un “amendement Nutella” avait été envisagé, qui aurait taxé à 300 % l’huile de palme contenue dans la célèbre pâte à tartiner. Avant d’être rejeté.

L’huile de palme est contestée par ses détracteurs comme une cause d’obésité chez les plus jeunes et de déforestation en Asie et en Afrique, où les grands producteurs gèrent des plantations à grande échelle.

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à Dengkil, en banlieue de Kuala Lumpur le 4 novembre 2009 (Photo : Saeed Khan)

En France, une avocate, Me Anne Bourdu, s’est saisie du dossier à la demande du Food Facts Index, association proche de l’industrie agroalimentaire: elle a conclu que la mention “Sans Huile de palme” relevait du “dénigrement entre concurrents” et constituait “un acte de concurrence déloyale”.

En juin 2012, des producteurs d’huile de palme de Côte d?Ivoire qui avaient assigné le distributeur Système U devant le tribunal de commerce de Paris avaient déjà obtenu gain de cause pour ce motif. Ce qui n’a pas empêché le distributeur de continuer ses campagnes autour d’une utilisation “limitée” de ce produit.

Le réseau fait d?ailleurs remarquer qu’il a devancé la législation européenne en précisant depuis 2005 la nature exacte de l’huile végétale utilisée.

Selon la Malaisie, la production d’huile de palme, premier secteur agricole du pays, fait vivre 300.000 petits fermiers. Près de 400.000 t ont été importées en France en 2012, générant 170 millions d’euros de taxes et contribuant à la fabrication de nombreux produits alimentaires industriels.