Fonds Afrique50, épargnes locales, forte infrastructure financière nationale et régionale, PPP, dominent les débats du Forum pour le développement de l’Afrique.
Le Forum pour le développement de l’Afrique, qui a officiellement démarré le 13 octobre, a été marqué par plusieurs allocutions, dont celle du Roi du Maroc, délivrée par le Premier ministre marocain, Abdel-Ilah Benkiran; les présidents de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara, et du Sénégal, Macky Sall; du Premier ministre du Cap-Vert, José Maria Pereira Neves, et du secrétaire exécutif de l’UN-ECA, Carlos Lopes.
Remarquons au passage que la Tunisie, qui semble pourtant miser davantage sur l’Afrique, n’était pas représentée à cet important rendez-vous. C’est dommage. Qu’on ne nous évoque surtout pas un hasard de calendrier. Et c’est sans doute un point (encore) de perdu pour notre pays dans les opportunités d’affaires en Afrique.
Le Groupe de la BAD a été représenté par le vice-président chargé des Opérations, Aly Abou-Sabaa et l’Envoyée spéciale de la BAD en matière de genre, Géraldine Fraser-Moleketi, qui avaient à leurs côtés, la représentante résidente de la Banque au Maroc, Yacine Fal. Ceux-ci ont été très sollicités, et ont eu des discussions bilatérales avec des participants.
Les défis…
Les orateurs ont souligné l’importance de l’événement, qui, selon les participants, est un franc succès, au moment crucial, où le continent doit réfléchir au chemin parcouru, et prendre position quant à sa transformation rapide. «Les conclusions qui se dégageront du Forum devraient aider les pays africains à mieux faire face aux défis d’une Afrique sur la voie de l’émergence», a fait observer le Premier ministre marocain, soulignant la nécessité du dynamisme intra-africain.
Le Premier ministre s’est particulièrement réjoui de la mise en place par la BAD du Fonds Afrique50, «qui dotera le continent d’un mécanisme innovant, permettant d’accroitre la mobilisation des ressources à grande échelle».
«Nous-nous réjouissons de la mise en place par la BAD du Fonds Afrique50, qui permettra au continent d’attirer des financements privés pour le développement et le financement de projets d’infrastructures en Afrique», a-t-il insisté, saluant les réalisations de la BAD dans le pays.
Un continent qui gagne, mais qui doit changer de paradigmes
Les chefs d’Etat et de gouvernement et autres responsables se sont, à tour de rôle, appesanti sur la situation économique d’un continent qui «gagne, qui avance, mais qui doit changer de paradigmes, vu que les solutions classiques ne sont plus en phase avec les réalités».
Le défi à relever, c’est de savoir comment accompagner cette profonde transformation qui s’opère, par des financements adéquats et novateurs.
«Si nous voulons aller de l’avant, nous devons nous donner les moyens de changer les paradigmes», a indiqué le président sénégalais, Macky Sall, qui appelle les institutions financières à l’amélioration des conditions d’accès des pays émergents à la levée des capitaux. Cet appel a été soutenu par le président Ouattara, sous de fortes acclamations.
Ouattara esquisse les pistes pour développer l’Afrique
Le président Ouattara a, quant à lui, dégagé un certain nombre de pistes, dont l’accélération du développement des marchés financiers, en vue d’amorcer la transformation des économies.
«Nous devons créer des produits financiers innovants, tout en nous dotant d’institutions fortes et d’infrastructures financières nationales et régionales efficaces, avec un accent particulier sur le développement des PME», a-t-il dit, indiquant que le passage de ces PME du secteur informel au formel «est une des conditions nécessaires à leur éligibilité à ce type de financement».
Le président Ouattara a toutefois fait observer la faible mobilisation de l’épargne locale, due au maigre taux de bancarisation dans notre région, qui, selon lui, n’excède pas plus de 12% en Côte d’Ivoire. Il en résulte, selon son analyse, un volume de transactions financières trop important qui échappe encore au secteur financier. «Cette situation créé une compétition déloyale entre le secteur informel, en pleine croissance et le secteur formel. Les ressources non bancarisées et non épargnées ne contribuent pas au développement économique de nos pays et empêchent la mobilisation de l’épargne», a-t-il indiqué.
Pour le président de Côte d’Ivoire, pour atteindre l’émergence, il faut accorder une place prépondérante à la coopération Sud-Sud. Il souligne également la nécessité de recourir aux marchés internationaux de capitaux, sous forme d’émissions d’euro bonds, ainsi que le renforcement des partenariats public-privé (PPP).
Un continent plein de promesses…
Le président de Côte d’Ivoire a exprimé son grand optimisme et sa foi en l’Afrique et son devenir. «L’Afrique est un continent plein de promesses et qui surprendra le monde. Je suis convaincu que les échanges qui se noueront au cours de ce forum, permettront à nos pays de mieux s’intégrer à l’économie mondiale».
Partageant l’expérience des pays insulaires, le Premier ministre du Cap-Vert, Pereira Neves, a indiqué que ces économies sont essentiellement basées sur le tourisme et la pêche. Pour le Premier ministre, le thème est pertinent pour ces pays. «Nos pays sont vulnérables aux effets du changement climatique. La sécheresse et la désertification touchent particulièrement le Cap-Vert», a-t-il révélé.
Accélérer la mobilisation des investissements privés
Le Secrétaire exécutif de l’UN-ECA, Carlos Lopes a, quant à lui, souligné la nécessité pour les pays africains d’accélérer la mobilisation des investissements privés, des ressources domestiques et fiscales, et d’améliorer la gouvernance de ces recettes. Pour lui, certes le plus grand défi de l’Afrique est la sécurité alimentaire, mais il faut renforcer le financement dans la lutte contre le changement climatique, les infrastructures en vue de repositionner l’Afrique.
Le Forum a mobilisé plus de 800 participants comprenant des hauts responsables gouvernementaux, des représentants des secteurs privé et public, des ONG. On notait une forte participation des médias nationaux et internationaux.
Source : BAD.