Hayange : les salariés de Tata Steel inquiets d’un possible rachat

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à Hayange, le 29 septembre 2011 (Photo : Jean-Christophe Verhaegen)

[15/10/2014 18:24:39] Metz (AFP) Les syndicats de l’usine Tata Steel de Hayange (Moselle) étaient surpris et inquiets mercredi après l’annonce de l’intention du groupe indien de vendre sa branche européenne de produits longs à Gary Klesch, un financier américain à la réputation peu flatteuse en France.

“On est surpris, mais il y avait des rumeurs depuis quelques mois. On sentait que quelque chose se passait, on nous demandait de faire plus d’économies alors que l’on ne va pas spécialement mal, comme pour nous valoriser davantage”, a déclaré à l’AFP Grégory Zabot, le secrétaire du CE (CFDT, syndicat majoritaire) de Tata Steel Hayange, qui produit des rails.

“Il y a de l’inquiétude aussi car un changement (de propriétaire) ne va jamais sans accrocs”, a-t-il ajouté.

Le fait que Gary Klesch soit un financier rend les salariés “un peu méfiants”, selon lui. “Quand des financiers ont acquis des groupes sidérurgiques dans la région, ça n’a jamais été super, car leur but c’est la rentabilité à court terme”, a encore estimé le syndicaliste.

Il a notamment fait allusion au groupe d’aciers spéciaux Ascométal, vendu en 2011 au fonds d’investissement américain Apollo avant d’être placé en redressement judiciaire et cédé cette année à l’énarque Frank Supplisson, associé à des investisseurs français et européens.

En France M. Klesch, spécialiste de la reprise de groupes en difficulté, est connu pour avoir racheté le pôle vinylique du groupe chimique Arkema, Kem One, pour un euro symbolique en juillet 2012.

Kem One, qui emploie 1.200 personnes en France, a été placé en redressement judiciaire au mois de mars suivant et finalement repris en décembre dernier par l’industriel français Alain de Krassny, associé à la société d’investissements OpenGate Capital.

– ‘Certainement des suppressions d’emplois’ –

“On savait que toute la branche produits longs européenne de Tata Steel était déficitaire, mais on ne pensait pas qu’un changement aussi radical était envisagé” s’est aussi étonné Marjan Selic, délégué CGT à Tata Steel Hayange.

Une réunion ordinaire du CE de l’usine est prévue le 30 octobre. “Ce sera l’occasion de savoir quels sites seront les plus touchés. Parce qu’on présume qu’il y aura certainement des suppressions d’emplois”, a ajouté M. Selic.

Tata Steel emploie 450 salariés sur son site d’Hayange, pour un total de 6.500 personnes sur l’ensemble de ses 9 sites européens de production de rails, tôles et barres métalliques, notamment au Royaume-Uni.

Toutes activités sidérurgiques confondues, Tata emploie 30.500 personnes en Europe, dont 17.500 au Royaume-Uni.

Son usine d’Hayange était régulièrement citée comme un symbole de réussite d’un investissement indien dans la sidérurgie lorraine, à l’inverse d’ArcelorMittal Florange, qui a fermé cette année ses hauts-fourneaux, également situés à Hayange.

Tata avait ainsi investi un total de 50 millions d’euros depuis 2011 sur son site mosellan, pour le doter d’une ligne de production de rails allant jusqu’à 108 mètres, puis d’une nouvelle ligne de traitement thermique.

Tata Steel et le groupe Klesch espèrent finaliser l’opération de vente au premier semestre 2015.

Le directeur général des opérations de Tata Steel Europe, Karl Koehler, a précisé que ces négociations allaient se faire “sans assurance” de résultat et que le groupe allait informer et consulter employés, syndicats et actionnaires durant toute la procédure.

Tata Steel a l’intention “de se concentrer sur les activités de rubans métalliques” en Europe, a ajouté M. Koehler.

Même si le groupe indien a assuré qu’il voulait continuer de bâtir une activité durable au Royaume-Uni et en Europe et de “fournir les ressources nécessaires” pour y parvenir, il a également souligné que la sidérurgie européenne sortait à peine “d’une des périodes économiques les plus difficiles de son histoire”.

Gary Klesch de son côté a distingué “une demande croissante pour les produits de première qualité fabriqués” par les filiales produits longs de Tata Steel.

L’ensemble de l’activité produits longs de Tata Steel en Europe produit environ 3 millions de tonnes d’acier par an et pourrait en produire jusqu’à 5 millions, a précisé le groupe Klesch.