Concurrence : Google a provoqué des “émotions irrationnelles” en Europe

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éen à la Concurrence, Joaquin Almunia, le 7 octobre 2014 à Bruxelles (Photo : John Thys)

[16/10/2014 09:40:31] Bruxelles (AFP) L’enquête ouverte depuis près de quatre ans par la Commission européenne contre Google pour entrave à la concurrence a donné lieu à des “émotions irrationnelles” en Europe, estime le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia, dans une interview au Wall Street Journal jeudi.

“Je ne me souviens d’aucun autre cas (…) qui a suscité (…) ce genre de réactions, même à une moindre échelle”, relève M. Almunia, qui va quitter ses fonctions dans quelques semaines. C’est la Danoise Margrethe Vestager qui héritera de ce dossier lourd et complexe dans la prochaine Commission.

La Commission a rejeté trois fois les engagements de Google, jugés insuffisants. Le groupe se voit reprocher principalement de mettre en avant sur ses pages ses propres services spécialisés, au détriment des moteurs de recherche concurrents, par exemple des comparateurs de prix comme Kelkoo ou des sites spécialisés dans les voyages comme Expedia.

M. Almunia s’était montré prêt au printemps à accepter les derniers engagements du groupe, mais début septembre, devant les nombreuses critiques émises par les plaignants, il a demandé à l’entreprise d’améliorer ses propositions. Si le groupe ne donne pas suite de manière satisfaisante, la Commission lui adressera une communication des griefs, ouvrant la voie à des sanctions financières.

M. Almunia, dont le changement d’attitude a surpris, se défend d’avoir été influencé. “Google a provoqué beaucoup d’émotions et dans certains cas (…) des émotions irrationnelles”. Or, “une enquête en matière de concurrence est très, très rationnelle et se fonde sur des faits”, insiste-t-il.

Il regrette que le dossier concernant le respect par Google des règles de concurrence ait été perturbé par les inquiétudes en Europe concernant la vie privée et la protection des données, la peur d’un “léviathan qui va éliminer toutes nos libertés, toute notre vie privée, tous nos droits”.

Cette problématique “crée des émotions particulières en Europe, dans certains pays plus que d’autres, l’Allemagne en est un cas typique”, souligne-t-il. Plusieurs membres du gouvernement allemand, dont le ministre de l’Economie Sigmar Gabriel, ont évoqué la possibilité d’un démantèlement de Google si le groupe abuse de sa position dominante.