L’Union générale tunisienne du travail (UGTT) est contre le report des négociations sociales à 2015. C’est ce qu’a affirmé son secrétaire général, Hassine Abassi, lors d’un entretien accordé à l’agence TAP. «Il est inconcevable de priver durant deux ans (2013 et 2014) et peut-être bien 2015, les fonctionnaires de la majoration des salaires», a-t-il soutenu.
L’UGTT rejette catégoriquement la proposition du gouvernement de négocier cette question avec le prochain gouvernement, la qualifiant de non pertinente. «Il est inapproprié de demander au nouveau gouvernement au moment de son installation prévue en février prochain dans le meilleur des cas, d’entrer dans des négociations sociales».
Pour Abassi, il existe une grande différence entre les négociations sociales et les revendications spécifiques pour chaque secteur, précisant que la majoration des salaires a pour objectif d’améliorer, un tant soit peu, le pouvoir d’achat du citoyen qui s’est nettement détérioré en raison de la flambée des prix.
Le SG de l’UGTT rappelle qu’après la fin des négociations dans le secteur privé, il a été convenu avec le gouvernement de démarrer des négociations «brèves et rapides» sur le secteur public et la fonction publique.
Reporter les négociations à 2015, c’est renvoyer la crise au prochain gouvernement, a-t-il déploré. “Nous oeuvrons à consolider la stabilité et la paix sociales et à impulser l’économie nationale, a relevé Abassi. Avec les gouvernements provisoires, nous avons été acculés à négocier les majorations salariales sur un très court terme; et avec le gouvernement permanent qui sera issu des élections, le dialogue social reprendra et nous prendrons tout le temps nécessaire pour mener à bien les négociations, à la lumière du programme du gouvernement et de la situation politique et socio-économique dans le pays”.
Il a assuré que l’Union présentera au prochain gouvernement son projet et sa vision sur l’amélioration du pouvoir d’achat du citoyen.
Selon lui, le nouveau cabinet est appelé à repenser le système fiscal, lutter contre l’évasion fiscale et l’économie parallèle et à protéger les frontières afin de combattre la contrebande.
Il estime que seules les catégories faibles et la classe moyenne assument les charges fiscales, alors que les «lobbies et les mafias» se dérobent à ce devoir. «La justice sociale est tributaire de la justice fiscale», a-t-il soutenu.
Par ailleurs, Abassi appelle à combattre la corruption dans certains secteurs «juteux» comme l’exploration des ressources naturelles et énergétiques. Dans cette optique, il demeure convaincu que la restitution des permis d’exploration est de nature à renflouer le budget de l’Etat. Car, une économie basée sur la dette ne tardera pas à s’écrouler, appelant le nouveau gouvernement à révéler toute la vérité aux Tunisiens sur les capacités de l’Etat et les obstacles au développement pour faciliter une meilleure répartition des tâches et garantir la relance de l’économie nationale.
La part des catégories faibles et de la classe moyenne de la Caisse de compensation à laquelle l’Etat alloue entre 5 et 6 MDT du budget de l’Etat ne dépasse pas 18%. Le reste profite aux «catégories aisées», affirme Abassi, d’où son appel à la rationalisation de la gestion des dépenses de ce mécanisme.