à Paris, spécialisée dans les voyages à la carte et dirigée par Jean-François Rial, le 14 octobre 2002 (Photo : Jean-Pierre Muller) |
[16/10/2014 13:40:20] Paris (AFP) Star du voyage sur mesure et d’aventure, le tour-opérateur français Voyageurs du Monde veut s’attaquer à la clientèle étrangère pour alimenter sa croissance future, alors qu’il souffre actuellement sur les destinations musulmanes pointées du doigt par le Quai d’Orsay.
L’objectif est d'”aller chercher la croissance chez les clients étrangers et plus seulement chez les Français”, a expliqué jeudi le PDG Jean-François Rial.
La première cible sera “la clientèle francophone internationale”, puis la clientèle anglo-saxonne, qui est “de plus en plus présente chez VDM”, Britanniques et Américains en tête.
Le groupe, dont le modèle est centré sur le voyage individuel, envisage notamment une ou des acquisitions en Europe. Un projet qui “fait sens”, estime le courtier Gilbert Dupont.
L’idée selon M. Rial est de pouvoir par exemple “proposer un trekking en anglais à des Britanniques dans l’Himalaya”.
Et développer la clientèle étrangère “permettrait de diversifier le risque”, renchérit Lionel Habasque, directeur général délégué.
Aujourd’hui environ 20% des clients de VDM sont étrangers, mais la proportion est bien supérieure dans des pays comme le Soudan ou l’Afrique du Sud. Ces clients étrangers représentent 10% à 12% du chiffre d’affaires du groupe.
“Ils sont arrivés par le bouche à oreille, sans qu’on soit allés les chercher, et le potentiel est important”, assure le PDG.
Un développement qui serait le bienvenu, dit-il, car “même si notre clientèle française croît, cela a une fin”.
Le groupe compte une dizaine de marques dont Voyageurs du Monde et Comptoir des Voyages, spécialisées sur le voyage sur mesure, tandis que Terres d’Aventure, Nomade, Grand Nord Grand Large ou Allibert Trekking sont centrées sur le voyage d’aventure.
A rebours de la plupart des tour-opérateurs français, VDM résiste bien à la crise. Les ventes au premier semestre ont grimpé de 11,2% à 141,9 millions d’euros (en partie grâce à la Coupe du Monde au Brésil car VDM était l’un des distributeurs français exclusifs de billets).
La clef du succès de VDM, c’est la niche: le groupe est positionné sur un créneau spécifique — “pointu et fin”, dit M. Rial — et il attire des clients à gros revenus, capables de débourser 3.000 ou 3.500 euros par tête pour aller au bout du monde et peu concernés par les restrictions de budgets loisir que connaissent nombre de Français aujourd’hui.
Reste que cette clientèle croît mais n’est pas extensible à souhait.
çois Rial, PDG de Voyageurs du Monde, le 13 novembre 2006 à Paris (Photo : Olivier Laban-Mattei) |
Et que Voyageurs du Monde, comme ses confrères, souffre actuellement de la frilosité des Français à se rendre dans les pays musulmans où le ministère des Affaires étrangères a appelé à “la plus grande vigilance”, après la décapitation d’un Français en Algérie fin septembre.
“Sur le Maroc, on n’a plus du tout de réservations. On ne gère que les annulations. Oman est aussi très touché. Pareil pour la Jordanie. Et la Tanzanie c’est une catastrophe: entre le côté +musulman+ et le mot +Afrique+ associé à Ebola, on ne vend plus de voyages”, déplore le PDG.
Au 11 octobre, les départs acquis sur l’année 2014 sont en hausse de 8,6% et 91% du chiffre d’affaires de 2013 a déjà été réalisé.
Mais les dernières semaines ont été dures: entre le 25 septembre et le 11 octobre, les ventes ont reculé de 2% toutes marques confondues et le pire est à venir, selon le groupe.
M. Rial estime que “l’effet Ebola peut être très important si les gens commencent à avoir peur de prendre l’avion”. Combiné au problème des destinations musulmanes, “tout cela aura un impact sur 2015”, prédit-il.
Le courtier Gilbert Dupont relativise en soulignant que VDM a “déjà démontré dans le passé sa capacité de résistance” face au 11 septembre 2001 et au virus SRAS.
Le groupe aborde néanmoins l’année 2015 avec moins de visibilité que pour 2014, où “sauf évènement particulier”, le chiffre d’affaires et les résultats devraient connaître “une croissance significative” par rapport aux 335 millions d’euros de 2013.