un scandale de cartes bancaires (Photo : Javier Soriano) |
[16/10/2014 16:24:10] Madrid (AFP) Safaris, art, bijoux, maroquinerie de luxe et restaurants payés avec des cartes bancaires professionnelles: le dernier scandale judiciaire en date en Espagne touche pas moins de 80 personnalités issues de la classe dirigeante, y compris l’ex-patron du FMI, Rodrigo Rato, convoqué jeudi pour son inculpation.
L’ex-directeur général du Fonds monétaire international (2004-2007) est arrivé vers 16H45 (14H45) à l’Audience nationale, la juridiction en charge des affaires financières à Madrid, accueilli par les cris d’une cinquantaine de manifestants l’accusant d’être un “voleur”. Il est convoqué par le juge Fernando Andreu.
Ce dernier a aussi entendu l’ex-directeur financier de Caja Madrid, Ildefonso Sanchez Barcoj, et l’ex-directeur de Caja Madrid de 1996 à 2009, Miguel Blesa. Rodrigo Rato lui avait succédé au moment où Caja Madrid fusionnait avec six autres caisses d’épargne pour donner naissance à Bankia en 2010.
Le Parquet a considéré qu’ils pourraient être inculpés pour infraction au droit des sociétés et détournement de fonds.
Ildefonso Sanchez Barcoj s’est défendu d’avoir mis en place ce système de cartes bancaires occultes et a expliqué au juge que l’argent dépensé l’a été uniquement pour des frais de représentation, selon une source judiciaire.
un scandale aux cartes bancaires (Photo : DANI POZO) |
Le scandale éclabousse aussi bien la classe politique que des responsables syndicaux et du monde économique, mettant notamment en difficulté le Parti populaire au pouvoir (conservateurs), dont est issu Rodrigo Rato.
Il suscite aussi l’indignation dans un pays où un quart de la population active est au chômage et tombe mal pour le gouvernement près d’un an avant les prochaines élections générales.
Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy a assuré mercredi avoir fait “tout que qu’un gouvernement doit faire” dans cette enquête, qualifié par le petit parti Izquierda plural (Gauche plurielle) de “la plus grande faute de la démocratie”.
– De grosses sommes d’argent retirées en liquide –
Quatre-vingt-six dirigeants et membres du conseil d’administration ont reçu entre 1999 et 2012 des cartes de crédits de Caja Madrid puis de Bankia et 83 d’entre eux en ont fait usage pour un total de 15,5 millions d’euros.
Dans le cas des dirigeants, ces cartes “B”, comme la presse les a surnommées, venaient s’ajouter à leur carte de crédit professionnelle officielle. Les membres du conseil d’administration, eux, ne disposaient que de cette carte pour payer leurs frais de représentation, selon une source proche du dossier.
Mais dans certains cas, leurs bénéficiaires s’en sont servi pour bien d’autres choses. Miguel Blesa, avec un salaire annuel d’environ trois millions d’euros, s’est offert des safaris en Afrique pour 9.000 euros et a dépensé 10.000 euros en vin, rapporte la presse.
D’autres ont retiré des centaines de milliers d’euros en liquide, ont acheté des bijoux, des vêtements de luxe, de l’électro-ménager, ont réglé restaurants et hôtels avec ces fonds, dont l’origine reste inconnue, détaillent les journaux.
Certains ont remboursé les sommes dépensées après que l’affaire a éclaté début octobre, d’autres non. Les démissions se sont aussi multipliées.
Rodrigo Rato pour sa part a rendu près de 55.000 euros, sur 99.000 euros, selon un audit interne mené par Bankia et que l’AFP a pu consulter. C’est cet audit qui a été transmis au parquet, entraînant l’ouverture d’une information judiciaire.
L’affaire pourrait coûter à l’ancien ministre de l’Economie et héros de la droite espagnole ses postes actuels de conseiller dans plusieurs grandes entreprises.
Il n’a cependant pas pour l’instant été écarté du PP au pouvoir, qui a tout de même créé une commission interne pour décider de l’avenir de ses 16 membres mis en cause. Le parti socialiste PSOE a fait le ménage dans ses rangs en expulsant dix de ses militants.
L’ex-numéro un du FMI est aussi mis en cause dans un autre volet judiciaire touchant à Bankia. Il est poursuivi pour escroquerie, détournement de fonds et falsification des comptes lors de l’entrée en bourse de la banque en juillet 2011.
Un autre front pourrait s’ouvrir du côté des caisses d’épargne Catalunya Caixa et NovaCaixaGalicia, a prévenu mercredi le chef du gouvernement.