Thales : le départ de Lévy suscite des inquiétudes en interne

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évrier 2014 à Paris (Photo : Miguel Medina)

[16/10/2014 16:53:10] Paris (AFP) Le départ surprise du PDG de Thales Jean-Bernard Lévy pour EDF, deux ans à peine après son arrivée, suscite l’inquiétude parmi les acteurs du groupe d’électronique et de défense qui réclament une candidature interne pour préserver la stabilité et l’apaisement.

L’Association du personnel actionnaire de Thales (Apat) a été la première à réagir en lançant un appel “aux actionnaires de référence du groupe” – et donc à l’Etat et à Dassault Aviation – “pour qu’une candidature interne émerge dans la perspective du remplacement de Jean-Bernard Lévy”.

Elle a fustigé l’annonce de ce départ, faite par voie de presse, et qui a surpris les acteurs du secteur. D’autant qu’elle laisse ouvertes les questions sur l’avenir de Thales, deux ans après un épisode difficile que Jean-Bernard Lévy s’était attaché à estomper.

L’Apat a ainsi “désapprouv(é) la manière dont cette annonce a été réalisée” jugée “destructrice de valeur” et contraire aux “règles de bonne gouvernance d?un groupe international coté”.

Agacement aussi à la CFDT, premier syndicat du groupe, qui a réclamé “une solution interne” afin d'”assurer la stabilité du groupe, pour conserver la confiance (…) et ne pas rouvrir les fractures dont il avait souffert sous la direction précédente”.

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énérale en charge du développement international de Thales, le 17 juin 2003 au Bourget (Photo : Frederick Florin)

Tous deux ont en mémoire l’épisode douloureux qui avait abouti au départ du précédent PDG, Luc Vigneron, très contesté en interne et qui a laissé des traces. Les syndicats de Thales avaient en effet réclamé son départ, évoquant “une perte de confiance” et critiquant les méthodes de management et les orientations stratégiques.

En interne, on salue le travail réalisé par Jean-Bernard Lévy, qui a permis de “rétablir le calme et la paix sociale et de redonner une vision stratégique” au groupe, selon un observateur.

Jean-Bernard Lévy s’était donné comme axe stratégique de renforcer la présence internationale du groupe, avec comme “priorité absolue” son développement dans les pays émergents. Son leitmotiv était d’en faire un “groupe vraiment mondial, et plus seulement multi domestique”.

Parmi les candidats potentiels à sa succession figurent les noms de trois hauts responsables actuels de Thales, ce qui aurait le mérite de constituer une “solution d?apaisement”, selon le mot d’un observateur du secteur.

Il s’agit de Patrice Caine, directeur général et véritable numéro deux du groupe en charge des opérations et de la performance, de Pascale Sourisse, directrice générale en charge du développement international et qui a déjà été candidate pour prendre la tête du groupe, et enfin de Pierre Eric Pommellet, directeur général adjoint des systèmes de mission de défense.

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énéral adjoint des systèmes de mission de défense, le 26 octobre 2009 à Châteaubourg (Ille-et-Vilaine) (Photo : Frank Perry)

Des noms de candidats externes sont également avancés, là encore ceux de responsables actuels du secteur aéronautique ou de la défense, comme Antoine Bouvier, le patron du fabricant de missiles MBDA, ou Marwan Lahoud, le directeur de la stratégie d’Airbus Group.

Mais ce dernier a fait savoir qu’il n’était pas candidat pour diriger Safran, un fleuron du secteur dont le PDG Jean-Paul Herteman voit son mandat s’achever l’année prochaine. Ce qui rend par conséquent improbable sa candidature pour Thales.

Dès lors, les choses devraient aller vite afin de ne pas laisser sans patron l’ex-Thomson-CSF, fleuron de l’industrie de la défense et des hautes technologies françaises, qui emploie 68.000 salariés dont la moitié en France. Avec comme date butoir le 21 novembre, date de l’assemblée générale d’EDF chargée de nommer le successeur d’Henri Proglio.

Avec l’une des clés entre les mains de l’avionneur Dassault Aviation, actionnaire de référence avec 29,1% du capital de Thales juste derrière l’Etat, qui possède 36,6% des parts, les deux acteurs étant liés par un pacte d’actionnaires qui stipule que la nomination du PDG de Thales devra faire l’objet d’un accord entre eux.

Là encore, une solution d’apaisement pourrait s’imposer, puisque semble-t-il, Dassault a été mis devant le fait accompli avec l’annonce du départ de M. Lévy.