êt de la production de poches de sang (Photo : Marion Berard) |
[16/10/2014 17:48:43] La Châtre (France) (AFP) La décision du géant allemand du matériel médical, Fresenius Kabi, de supprimer 338 emplois sur 461 postes de travail dans son usine de La Châtre (Indre) indigne le personnel et les responsables et élus locaux qui estiment avoir été “bernés”.
La direction de Fenwal France SAS a annoncé jeudi l’arrêt d’ici la mi-2015 de la production de poches de sang, activité historique du site, qui avait été repris en 2012 par Fresenius Kabi (perfusion, transfusion et nutrition clinique). Le maintien de l’activité de produits de sécurité transfusionnelle permettra le maintien de 123 emplois, selon la direction.
Le marché des poches de sang “est en recul constant en Europe. Et les prix ont baissé de 25% en trois ans”, a argumenté un porte-parole de la direction, faisant valoir également “la perte (du) principal client au Canada et la standardisation du produit qui a entraîné l’arrivée de nouveaux concurrents au niveau mondial”.
Fenwal France a beau assurer que l’entreprise participera “activement à la revitalisation du bassin d’emplois” et proposera des reclassements dans les autres usines du groupe allemand en France, à Brézins (Isère) et Louviers (Eure), l’indignation était jeudi soir à son comble à La Châtre et dans le département, où Fenwal est le troisième employeur privé.
Nicolas Forissier, maire de La Châtre et président de la communauté de communes, estime que le groupe allemand “a berné tout le monde : le personnel, les élus”. “C’est une catastrophe pour La Châtre. Les bras m’en tombent. Fresenius a masqué sa décision et parlait même d’extension en 2012”, a-t-il déclaré.
“Ce n’est pas possible qu’un groupe qui fait un milliard d’euros de bénéfice net ne puisse pas trouver de fabrication de substitution, avec ses multiples activités dans la santé”, s’est-il indigné.
-‘Tous sonnés’-
Le préfet de l’Indre, Jérôme Gutton, ne mâche pas non plus ses mots pour condamner une décision “inacceptable”. “L’Etat est intervenu dans le passé pour aider cette entreprise, notamment à travers la prime pour l’aménagement du territoire”, a-t-il rappelé. Il a indiqué avoir “interpellé” les dirigeants de Fresenius “sur leur responsabilités d’employeur” et avoir convoqué les dirigeants de l’entreprise “pour qu’ils s’expliquent devant les élus” du département et de l’agglomération de La Châtre.
“On est tous sonnés”, a soufflé un salarié devant l’entreprise, où un mur de palettes a été édifié pour protester contre le plan de restructuration. “On s’en doutait un peu, mais on pensait qu’il y aurait moins de personnes touchées. Là, c’est environ 75% des effectifs qui sont supprimés”, a souligné un autre.
Pierre-Marie Audebert, patron de l’hôtel-restaurant “Le Lion d’or”, près de l’usine et qui estime qu’environ 5% de son chiffre d’affaires dépend de son activité liée à l’entreprise, a confié son amertume. “Lorsque les fonds de pension américains ont acheté l’affaire nous étions très inquiets et l’arrivée des Allemands (de Fresenius Kabi) nous a rassurés… On s’est bien trompé”, a-t-il expliqué.
La direction de Fenwal a assuré de son côté avoir “exploré toutes les options possibles pour le site”. “Le site de La Châtre n?est plus en mesure de soutenir la concurrence en raison du niveau de ses coûts de production dans les poches de sang”, assure Fenwal France. Un argument battu en brèche par le maire de La Châtre qui vante “une belle usine” où “une partie de la production était automatisée”.
Créée par Travenol en 1979, l’usine Fenwal de La Châtre était la propriété de la multinationale américaine Baxter jusqu’en 2006. Le fonds d’investissement américain Texas Pacific avait pris la suite avant de céder l’entreprise en juillet 2012 à Fresenius, via sa division dédiée à la pharmacie et aux matériels médicaux. Celle-ci emploie 32.000 personnes dans le monde, et réalise 5 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.